Brillant Interprète de Chaâbi, H’ssissen, de son vrai nom Ahcène Larbi Benameur, est né le 8 décembre 1920 au 15 rue Monthabor à la Casbah d’Alger.
Originaire de Tizi-Ameur, H’sissen est né dans une famille modeste, dans cette même Casbah qui a enfanté El Anka, M’Rizek et Rouiched.
Très jeune déjà, il devait travailler pour aider son père. Il vendait des journaux dans les rues d’Alger avant d’aller à l’école. Mais dès son obtention du certificat d’étude, il quittera les bancs de classe pour trouver un travail à plein temps. Chez un français, comme son père.
Les rares moments de libres, H’sissen s’entrainait au mandole et à d’autres instruments qu’il apercevait lors des soirées châabi, animées régulièrement dans les terrasses de la Casbah. Son père ne voyait pas d’un très bon œil le penchant de son fils pour la musique. Certainement qu’il avait peur de le voir s’éloigner de son travail et donc de précieux deniers pour faire vivre la famille.
Le jeune H’sissen semblait pourtant avoir beaucoup de talent. D’ailleurs, il avait tout juste 15 ans lorsque Cheikh Missoum, connu pour être très difficile à impressionner, l’intégra dans son orchestre comme percussionniste, tant il était subjugué par son jeu.
Et plus que la maitrise des instruments, H’sissen avait une merveilleuse voix et une mémoire incroyable. Il lui suffisait de lire une deux fois un long poème pour le retenir. C’est ainsi que, fort des enseignements du Cheikh Missoum durant plusieurs années, le jeune surdoué du châabi commença à se produire seule dans les soirées de la Casbah, devenant à son tour un cheikh reconnu.
De là, il forma son propre orchestre et commença à composer des qcidat en arabe et en kabyle : Ettir Lqafs (l’oiseau en cage), Refdagh Tavalizt (j’ai pris ma valise), N’har el djemâa (Vendredi), Ettir ghabli (l’oiseau m’a quitté)…
Quelques temps après le déclenchement de la Révolution, H’sissen convolait en juste noce. La fête sera animée par de grands noms de l’époque, entre autres, Latifa Ababsa et Abderahmane Aziz. Il en naitra deux garçons et une fille.
La musique et les obligations familiales n’empêchèrent pas H’sissen de mener une activité politique au sein du FLN qu’il rejoignit en 1955. Mais au début de ce qu’on appela la Bataille d’Alger, alors qu’il se trouvait dans un café, il sera surpris par une descente de soldats français. Il sera arrêté et battus une journée entière avant de finir à l’hôpital. Suite à cet épisode, le chanteur s’exila en France où il retrouva Cheikh Missoum. Ensemble, ils animeront des soirées dans les cafés pour les émigrés. Et lors de l’annonce de la création de la troupe artistique du FLN, en avril 1957, à Tunis, il sera sollicité pour en faire partie. C’est ainsi qu’il sera aux côtés de Mustapha Kateb, Mustapha Sahnoun, Farid Ali, Ouafia, Boualem Rais, Ahmed Wahby, et d’autres artistes, sillonnant le monde arabe pour faire connaitre la culture algérienne, tout en continuant à composer des chansons.
Mais en 1959, H’sissen sera atteint d’une grave maladie pulmonaire qui l’emportera. Il n’avait que 30 ans et tant de chansons à écrire et chanter encore. Il sera enterré au cimetière El Djelaz de Tunis.
Récemment, lors de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, et suite aux incessantes demandes de sa famille, ainsi que de l’association des amis de la rampe Lounis Arezki et la contribution du Commissariat du Festival de la chanson châabi, les restes de ce grand artiste seront rapatriés en Algérie pour être réinhumés au cimetière d’El Kettar, à Alger, en octobre 2010. Un bel hommage lui sera rendu à cette occasion.
Z.M.
Sources :
- « H’sissen : un homme, un destin », par Idir B. dans KABYLIE MAGAZINE N°01 Août 1996
- « Sauvegarde du patrimoine culturel et vestimentaire. Se recueillir sur la tombe de cheikh H’cicène… », contribution de Lounis Ait Aoudia dans El Watan du Jeudi 14 octobre 2010.
- https://www.music-berbere.com
- www.aps.dz
- https://www.webchaabi.com