Ibn Khaldoun est issu d’une grande famille lettrée et raffinée andalouse, d’origine sud-arabique, et chassée d’Espagne par la Reconquête chrétienne. Bien qu’il se considérait comme arabe, il restait attaché à l’Ifriqiya. Il naît à Tunis à l’époque où les Mérinides dominent le Maroc et les Valois accèdent au trône en France. Le Maghreb connaît une paix relative cependant que la chrétienté médiévale sombre bientôt dans la guerre de Cent Ans et la Grande Peste, qui a provoqué le décès de son grand-père, très présent dans l’éducation du jeune Ibn Khaldoun.
Jeunesse et éducation
Il reçoit une éducation arabe classique très rigoureuse et étudie de manière approfondie la langue arabe base nécessaire à la compréhension du Coran qu’il connaît par cœur. Son éducation élémentaire comprend également l’étude des traditions religieuses et quelques éléments essentiels de théologie. Il étudie à l’Université Zitouna (Tunis).
En 1348, l’épidémie de la peste noire en provenance d’Asie, frappe la ville de Tunis, et décime la majeure partie de la famille d’Ibn Khaldoun. Il perd ses parents, son grand-père (très présent dans sa formation intellectuelle), et la plupart de ses amis. Plus tard, Ibn Khaldoun évoque à plusieurs reprises ces événements tragiques, notamment dans la Muqaddima.
Orphelin à 18 ans, il bénéficie pourtant du réseau familial et devient « garde des sceaux » en 1350. Par la suite, sa vie commence à s’agiter au grès des remous politiques, ce qui lui fait passer deux ans en prison (1357-58), puis en exil a Grenade (1363-65), ce qui ne l’empêche pas de continuer à se former auprès de grands savants, en particuliers marocains.
En 1365, il est chambellan du sultan de Bougie, puis il retourne à Fès de 1372 à 1374, avant sa « grande retraite ». Période durant laquelle, il va rédiger la majeure partie de son œuvre.
Une oeuvre magistrale
De 1374 à 1378, il est en Algérie où il va rédiger sa Muqqadima, qu’il complètera plus tard par des références bibliographiques, ce qui rend sa méthode résolument moderne. Dans la dernière partie de sa vie, il se rend en Égypte et y demeura jusqu’à sa mort. Il exerce en tant que professeur de droit malikite, et accède plusieurs fois au poste de qadi (juge). Pourtant, et malgré sa réputation, il connaît toujours autant de problèmes en attirant jalousies et rivalités. Il est enterré au Caire, dans le cimetière des Soufis, réservé aux savants et Hommes de lettres.
Ibn Khaldoun laisse derrière lui une œuvre magistrale : la Muqqadima, dont il dit : « c’est une histoire universelle complète qui donne la cause des évènements, aussi bien que des faits eux-mêmes… ». Pour la postérité, c’est autant du point de vue du contenu très riche, et intégralement documenté par des sources très importantes (Al tabari, Al Idrîsî…); que du côté de la forme. Le travail du savant est reconnu révolutionnaire. Sa méthode est rigoureuse, et tente d’éviter le piège du travail de l’historien en rejetant les contes et légendes, et critiquant les chiffres de nombres de combattants de certaines batailles par exemple.
Sa Muqqadima se veut donc une contribution à la pensée humaine, centrée autour du problème de l’homme, en accordant une grande importance au « milieu ». Pour les contemporain, l’œuvre d’Ibn khaldoun marque « l’apparition de l’histoire en tant que sciences. »
Synthèse Babzman