Le traité Desmichel, conclu entre ce premier et l’émir Adelkader reconnaissait la souveraineté de l’émir sur les provinces d’Oran, excluant les ports de la même ville, Arzew et Mostaganem et du Beylik de Hadj-Ahmed.
La convention fut rédigée en arabe et en français, et les deux versions différaient de quelques articles, mais l’émir ne se référa qu’à la première. Par ce contrat l’Emir Abdelkader fut reconnu émir el mouminine (commandeur des croyants), et de ce fait il disposait d’une double autorité : temporelle et spirituelle . En outre la convention préconisait la fin des hostilités, le respect de l’Islam et des usages des musulmans, la liberté du commerce et la nécessité pour les français d’obtenir un sauf-conduit pour circuler…
Le général commandant les troupes françaises dans la province d’Oran, et l’émir Abd-el-Kader, ont arrêté les conditions suivantes :
ART. 1 À dater de ce jour, les hostilités entre les Arabes et les Français cesseront. Le général commandant les troupes françaises et l’émir ne négligeront rien pour faire régner l’union et l’amitié qui doivent exister entre deux peuples que Dieu a destinés à vivre sous la même domination, et à cet effet des représentants de l’émir résideront à Oran, Mostaganem et Arzew; de même que, pour prévenir toute collision entre les Français et les Arabes, des officiers français résideront à Mascara.
ART. 2. La religion et les usages musulmans seront respectés et protégés.
ART. 3. Les prisonniers seront immédiatement rendus de part et d’autre.
ART. 4. La liberté du commerce sera pleine et entière.
ART. 5. Les militaires de l’armée française qui abandonneront leurs drapeaux seront ramenés par les Arabes; de même les malfaiteurs arabes, qui, pour se soustraire à un châtiment mérité, fuiraient leurs tribus et viendraient chercher un refuge auprès des Français, seront immédiatement remis aux représentants de l’émir résidant dans les trois villes maritimes occupées par les Français.
ART. 6. Tout Européen qui serait dans le cas de voyager dans l’intérieur, sera muni d’un passeport visé par le représentant de l’émir à Oran et approuvé par le général commandant.
Certaines sources rapportent que la convention énoncée plus haut, constitue la version officielle, celle qui fut envoyée en France. Il est précisé que le général Desmichels et AbdelKader auraient signé des articles secrets qui réglaient d’une manière spéciale les intérêts des Arabes et leur concédaient de nombreux avantages. L’existence de ces articles, non avoués par le général Desmichels, ignorés même du gouvernement français dans un premier temps, donna naissance à des récriminations sans nombre qui, constituèrent la première zone d’ombre du controversé Abd-el-Kader.
Un extrait des clauses secrètes :
1° Les Arabes auront la liberté de vendre et d’acheter de la poudre, des armes, du soufre, enfin tout ce qui concerne la guerre.
2° Le commerce de la Merza (Arzew) sera sous le gouvernement du prince des croyants, comme par le passé, et pour toutes les affaires. Les cargaisons ne se feront pas autre part que dans ce port. Quant à Mostaganem et Oran, ils ne recevront que les marchandises nécessaires aux besoins de leurs habitants, et personne ne pourra s y opposer. Ceux qui désirent charger des marchandises devront se rendre à la Merza.
3° Le général nous rendra tous les déserteurs et les fera enchaîner. Il ne recevra pas non plus les criminels. Le général commandant à Alger n’aura pas de pouvoir sur les musulmans qui viendront auprès de lui avec le consentement de leurs chefs.
4° On ne pourra empêcher un musulman de retourner chez lui quand il le voudra.
Lorsque des difficultés d’entente surviennent entre les deux camps, suite à la non-application de ces clauses restées secrètes, la contraction secrète est mise à jour et Desmichels est renvoyé à Paris.
Mira.B.G
Sources :
- Recueil des Traités de France (archives)
- Les mythes fondateurs de l’Algérie française, J. Guilhaume