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Cela s’est passé un 25 novembre 1956, Fernand Iveton est condamné à mort

fernanMilitant du Parti communiste algérien (PCA), Fernand Iveton est condamné à mort par la justice coloniale française le 25 novembre 1956 pour avoir rejoint la lutte armée pour l’indépendance de l’Algérie.

 

Adhérant à la Jeunesses Communistes Algérienne en 1943, Fernand Iveton milite aux côtés d’Henri Maillot et d’Ahmed Akkache, puis à l’Union de la Jeunesse Démocratique Algérienne et dans plusieurs syndicats. En 1955, il rejoint les groupes armés des Combattants de la Libération au côté de Abdelkader Guerroudj, Félix Collosi, Mohamed Hachelaf, Yahia Briki, Georges Accampora…

Et suite à l’accord FLN-PCA, lorsque les Combattants de la Libération sont intégrés dans l’ALN-FLN, Fernand fait partie du commando du Grand Alger et participe à plusieurs actions, dont des sabotages de wagons au niveau du port et l’incendie des Bouchonneries Internationales.

C’est dans ces dispositions qu’en octobre 1956, Fernand propose (ou se voit confier, selon deux sources différentes), de poser une bombe à l’usine à gaz du Hamma où il travaille. Son objectif est de provoquer une panne électrique dans la ville, c’est dans ce sens et pour éviter qu’il y ait mort d’homme qu’il insiste pour que l’explosion soit réglée après le départ des ouvriers, à 19h30.Un contact est désigné pour lui remettre l’engin explosif, il s’agit de la militante Jacqueline Guerroudj, épouse d’Abdelkader Guerroudj.

Le mercredi 14 novembre 1956, Jacqueline transporte deux bombes fabriquées par Abderrahmane Taleb et Daniel Timsit, mais Fernand n’en prend qu’une, certainement pour éviter d’être remarqué. A 14 heures, il dépose l’engin dans le placard d’un local désaffecté de l’usine. Mais un contremaitre le voit entrer dans la local avec un sac et en ressortir sans et court prévenir son responsable. Ce dernier va inspecter les lieux et entendant la minuterie comprend qu’il s’agit d’une bombe. La police est alertée et Fernand Iveton est arrêté vers 16h30. L’engin est désamorcé.

Quant à Fernand, du mercredi 14 au samedi 17 novembre, il subit les pires tortures au commissariat central d’Alger. La police tente de lui faire avouer les noms de ses complices, d’autant qu’on a retrouvé sur lui un bout de papier où il est noté des précisions sur l’heure de l’explosion des deux bombes. Le message est rédigé par Taleb Abderrahmane, mais Fernand ignore les noms de ses complices. Et face au supplice qu’il subit, il finit par craquer et donner deux noms de son groupe, sachant que les militants devaient automatiquement prendre la fuite lors de l’arrestation de l’un des leurs.

Le 25 novembre suivant, Fernand Iveton se retrouve au tribunal pour être jugé. L’assistance est chargée à block et des cris de haine et de mort s’élèvent dans la salle. Lors de cette parodie de procès, le militant est condamné à mort pour «tentative de destruction d’édifice à l’aide d’explosifs ».

Le 3 décembre, le pourvoi d’Iveton devant le tribunal de cassation militaire est rejeté. Et le 10 février 1957, c’est au tour de son recours en grâce d’être refusé par le président de la République, René Coty, avec l’accord du garde des Sceaux de l’époque, François Mitterrand, ainsi que du chef du gouvernement socialiste, Guy Mollet.

Fernand Iveton est guillotiné le 11 février 1957, dans la cour de la prison de Barberousse, à Alger. Deux autres militants son également exécutés : Mohamed Lakhnèche, dit « Ali Chaflala », et Mohamed Ouennouri, dit « P’tit Maroc ». « Ils marchent courageusement au supplice. Les 3 hommes s’embrassent et clament « Vive l’Algérie libre ! » au pied de la guillotine tandis que, de la prison tout entière, s’élève un grand cri de solidarité, de colère, d’espérance. Les détenus politiques pleurent, entonnent des chants patriotiques, ébranlent de leurs poings les portes des cellules. » (*)

Fernand Iveton est le seul Européen parmi les 198 prisonniers politiques guillotinés de la guerre d’Algérie. Il devait servir d’exemple.

Deux phrases pleines de sens seront retenues de Fernand qui se sentait entièrement algérien. La première extraite de sa dernière lettre à son avocat Me José Nordmann : « Pour moi, seuls la lutte de notre peuple et l’appui désintéressé du peuple Français sont les gages de notre libération. »

La seconde est celle qu’il dira avant son exécution, elle est rapportée par son autre avocat comis d’office Me Albert Smadja (*) : « La vie d’un homme, la mienne, compte peu. Ce qui compte, c’est l’Algérie, son avenir. Et l’Algérie sera libre demain. Je suis persuadé que l’amitié entre Français et Algériens se ressoudera. »

Synthèse Z.M.

Sources :

  1. « La guerre d’Algérie » tome 2, ouvrage sous la direction d’Henri Alleg).
  2. Mustapha Boutadjine, « Biographie de Fernand Iveton » sur www.alger-republicain.com
  3. (*) Récit de maître Albert Smadja, commis d’office pour assister Lakhnèche, et Ouennouri dans leurs derniers moments, dans Fernand Iveton, guillotiné pour l’exemple, documentaire de Daniel Edinger, série Aléas, France 3, le 20 avril 2004

 

 

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