El Ghoul, Mesmar J’ha, ou ce voleur qui… Saïd Mekbel, le billettiste au verbe tranchant est né le 25 mars 1940 à Bejaia. Il était l’un des premiers ingénieurs de l’Algérie indépendante
Saïd Mekbel est né dans une famille modeste à Bejaia. Il quitte très tôt sa ville pour intégrer différentes écoles militaires en Algérie, puis en France où il obtient son bac et passe avec succès le concours d’entrée à Saint-Cyr. Mais l’Algérie fraîchement indépendante réclame ses enfants.
En 1963, il travaille d’abord à la Direction de l’Energie et des Carburants en tant qu’attaché d’administration. Mais attiré par le journalisme, il collabore avec Algérie républicain où il publie ses premiers écrits de critique de cinéma. A partir de 1964, il devient journaliste à plein temps dans le quotidien où, Henri Alleg, directeur de la publication, l’invite à participer à la chronique satyrique de L’Ogre ouverte à tous les journalistes de la rédaction. Très vite, il crée sa propre chronique Mesmar J’ha, signée Saïd Mekbel.
Il reste à Alger républicain jusqu’au coup d’état de Houari Boumedien le 19 juin 1965. Alger républicain est alors interdit de parution, Saïd Mekbel devient membre de l’ORP (Organisation de la résistance populaire) qui venait d’être créée. Puis, il intègre le PAGS (Parti de l’avant-garde socialiste) et travaille à la Sonelgaz dès octobre 1965.
Il surmontera une période difficile, marquée par la répression du pouvoir et la clandestinité.
A l’âge de 29 ans, il reprend ses études d’ingénieur en physique à l’ENITA (Ecole Nationale d’Ingénieurs et de Techniciens Algériens), obtient le diplôme d’ingénieur électromécanicien, spécialisé en mécanique des fluides et soutient une thèse de doctorat. Il grimpe les échelons à la Sonelgaz et se met à la photographie en amateur.
Après les événements de 1988 et l’ouverture médiatique, Alger républicain reparait en 1989. Saïd Mekbel reprend sa plume pour écrire ses chroniques sous la signature d’El Ghoul, souvent accompagnées de ses propres caricatures. Il travaille toujours à la Sonelgaz et il est contacté par Djillali Liabès pour intégrer l’Institut des études de Stratégie Globale de Ain Ouessara.
Avec une équipe de journalistes d’Alger républicain, il participe à la création du quotidien Le Matin qui parait en septembre 1991. Il y reprend sa chronique Mesmar J’ha à la page 24, au succès retentissant.
L’année 1994 est particulièrement meurtrière pour les intellectuels algériens. Saïd Mekbel échappe à un premier attentat le 8 mars, alors qu’il sortait de chez lui. Le 3 décembre de la même année, il est assassiné dans un restaurant près du siège du Matin, à Hussein Dey. Touché de deux balles dans la tête, Saïd Mekbel succombera à ses blessures le lendemain à l’hôpital d’Ain Naâdja d’Alger.
Ce jour là, paraissait son dernier billet : Ce voleur qui…
Zineb Merzouk