Issu d’une famille de paysan kabyles, originaire des Ath Menguellet, près de Aïn El Hammam, Ali Boumendjel est né le 24 mai 1919 à Relizane où son père est instituteur. Il entame sa scolarité à Larbaâ et décroche avec brio une bourse qui lui permet de poursuivre ses études au collège Duveyrier de Blida, considéré comme une « pépinière nationaliste ». Le jeune Ali y rencontre des militants qui deviendront de grands noms de la révolution, dont Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda, Sadek Hadjrès et Saâd Dahlab. Ils sont tous encadrés par le Dr Lamine Debaghine, leur maître d’internat et l’initiation à la lutte se fait par les grèves déclenchées autour des conditions de vie au collège.
Suivant les traces de son frère Ahmed, après le lycée, Ali fait des études de droit et est proche de Ferhat Abbas comme son frère. Il devient d’ailleurs journaliste à Egalité, l’organe des Amis du manifeste algérien.
La répression du 8 Mai 1945 lui inspire l’un de ses articles les plus percutants, intitulé «Le temps des cerises», en référence à la chanson de la Commune de Paris. « On pourrait allonger à l’infini le martyrologe de ce printemps rouge, de cet été tragique, de cette année terrible. C’est de ce temps-là que je garde au cœur une plaie ouverte dit la vieille chanson. Oui, l’Algérie musulmane tout entière garde au cœur une plaie ouverte qu’on tarde dangereusement à panser», écrit-il.
Une année plus tard, la naissance de l’Union démocratique du manifeste algérien (UDMA) le fait entrer de plein pied dans le militantisme politique, mais Ali garde une grande liberté dans ses opinion et ses relations amicales.
Après le 1er novembre 1954, Ali Boumendjel devient l’avocat des nationalistes algériens qu’il défend avec beaucoup de dévouement. Il est membre d’un collectif de défense des militants du FLN et militant du Mouvement mondial de la paix.
Et lorsque Abbane Ramdane sort de prison en 1955 et qu’il s’installe à Alger, les deux hommes deviennent très proche, ce qui amènera l’UDMA à intégrer le FLN. Abbane poussera aussi Ali à changer de travail. Ce dernier rejoindra le service contentieux de la compagnie pétrolière Shell.
A partir de la fin de l’année 1956, alors que les paras prennent le pouvoir à Alger, Ali est surveillé de près. Il sera arrêté le 9 février 1957, sur son lieu de travail.
Ali Boumendjel sera détenu durant plus de quarante jours et subira les pires tortures, dans un centre de torture, situé 94 Boulevard Clemenceau (actuellement boulevard Ali Khodja), à El Biar, là où sont détenus et torturés le journaliste Henri Alleg et le mathématicien Maurice Audin.
Les paras de Massu et de son homme de main, le sinistre Aussaresses vont le jeter du haut d’un immeuble, le 23 mars 1957.
Son assassinat, maquillé en suicide, suscitera une grande émotion et une indignation sans commune mesure en Algérie et en France.
En 2001, Paul Aussaresses confirme, dans son livre confession, que l’exécution avait bien été planifiée : le certificat de décès avait été signé la veille de celle-ci. Mais à ce jour, sa famille attend toujours que la vérité soit dite officiellement.
K.T.
Sources :