Un grand boulevard de la capitale porte son nom, ainsi qu’un village au nord-est de Constantine (Smendou), Zighoud Youcef, l’homme au chapeau de brousse, tombait au champ d’honneur un 23 septembre 1956.
Zighout Youcef naît un 18 février 1921 dans le village de Smendou. Enfant, il va à l’école coranique et à l’école française en même temps. Mais il quitte les bancs de l’école après avoir obtenu son certificat d’études primaires. C’est que l’administration coloniale faisait tout pour que les enfants algériens ne dépassent pas ce niveau. Et vu les conditions difficiles dans lesquelles il vivait, comme la majorité de ses compatriotes, il doit travailler pour aider sa famille. C’est ainsi qu’il devient apprenti forgeron à l’âge de 14 ans.
Conscient du joug du colonialisme, Youcef a 17 ans lorsqu’il adhère au Parti du peuple algérien (PPA). Il en devient le premier responsable à Smendou en 1938. Les massacres du 8 mai 1945 à l’Est de l’Algérie ne font que le conforter dans son choix de lutter pour la liberté de son pays.
En 1947, il est élu pour le Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques (MTLD) et fait partie de l’Organisation Spéciale (l’OS) qui a pour mission de préparer les conditions nécessaires pour déclencher la lutte armée, alors la voie pacifique est en échec total. Et c’est lors du démantèlement de cette organisation par la police française que Zighoud Youcef est arrêté, en 1950. Incarcéré dans la prison de Annaba, il parvient à s’en évader en avril 1954, grâce à ses talents de forgeron, il fabrique, à partir d’une cuillère, une clé « passe-partout ». Il réussira ainsi à ouvrir toutes les portes de la prison. Il rentre de plein pied dans la clandestinité et trouve refuge dans la région des Aurès, devenue un asile pour tous les « fugitifs ». C’est là qu’il tisse des liens forts avec Mustapha Ben Boulaïd. Par la suite, il fait partie des « 22 historiques » qui créent à El Madania (Clos Salembier, Alger) la matrice de l’indépendance, le CRUA, le Comité révolutionnaire d’unité et d’action. Lors de la répartition des responsabilités, ses pairs le désignent comme adjoint de Didouche Mourad.
Lors du déclenchement du 1er novembre 1954, Zighoud Youcef est donc aux côtés de Didouche Mourad, responsable du Nord –Constantinois, qui deviendra la wilaya II de l’ALN. Il participe également à la bataille d’Oued Boukerkar, le 18 janvier 1955, avec Didouche qui y laisse la vie. Zighoud le remplace à la tête de la région.
Avec un armement rudimentaire, il organise et dirige l’offensive du 20 août 1955, avec pour objectif de démontrer à l’opinion internationale que la révolution de novembre n’est ni un feu de paille ni une « rébellion » que les médias colonialistes s’évertuent à décrire.
Le plan est simple : lancer des offensives en attaquant des postes militaires, gendarmeries, mairies, ainsi que des colons et des algériens collaborateurs, en déferlant sur les villes et villages. Il est question d’encadrer des paysans sommairement armés pour mener cette offensive. Et elle sera particulièrement violente, dévastatrice. Elle révèle toute la violence subie par les algériens depuis 1830, une vengeance qui coutera cher, puisque l’ennemi, plus puissant, agira en conséquence : une répression aveugle, semblable à celle du 8 mai 1945.
Une année plus tard, jour pour jour, le 20 août 1956, est organisé le Congrès de la Soummam. Cet événement majeur met en place les structures organiques et politiques de la Révolution. Zighoud Youcef y est nommé membre du Conseil National de la Révolution Algérienne (CNRA). Il est également élevé au grade de Colonel de l’ALN et confirmé dans son poste de commandant de la wilaya II.
Peu après, il regagne son poste de combat et commence à mettre en pratique les résolutions du Congrès. Il se déplace constamment, d’une unité à une autre, d’un village à l’autre. C’est au cours de l’une de ses tournées, alors qu’il est dans le village de Sidi Mezghiche (Skikda), que Zighoud Youcef tombe dans une embuscade tendue par l’armée française, le 23 septembre 1956. Il a 35 ans et laisse derrière lui une petite fille qui sera « adoptée » par Ben Tobbal, son adjoint qui lui avait promis de s’occuper d’elle.
Synthèse Z.M.
Sources :
- https://www.reflexiondz.net
- https://www.algerie-dz.com
- https://www.ism-france.org
- https://awg.faithweb.com/fr/history/personalite/zighout.html
1 commentaire
Quand vous affirmez que le pouvoir colonial faisait tout pour que les jeunes Algériens ne dépassent pas le certificat d’étude, je crois que vous affirmez qq chose qui n’existait pas! En effet pas mal de ces enfants, s’il avaient le niveau passaient aux études supérieur, à condition de pouvoir matériellement fréquenter ces établissements qui se trouvaient hélas ds les villes!