Surnommé l’artiste gentleman, il est l’un des premiers muséologues de l’Algérie indépendante et il fait partie des pères fondateurs de l’art moderne en Algérie. Mohamed Louaïl est né un 23 avril 1930.
Mohamed Louaïl nait à Belcourt, précisément à l’Aâqiba. Son père est menuisier machiniste, son oncle maternel, Abderrahmane Djillali, est un illustre historien, homme de culture et de religion.
Il va à l’école Darwin (Benzineb aujourd’hui) où on remarque déjà son don pour le dessin. En 1942, il intègre les Scouts musulmans algériens et étudie au collège du Camp-de-manœuvre (Lycée El Idrissi aujourd’hui). Et dès 1948, il s’inscrit à l’2cole des Beaux-arts d’Alger. Il s’initie à la à la peinture, la sculpture et la gravure avec professeurs algériens et français, dont Mohamed Racim. Il fréquente Choukri Mesli, Ahmed Kara, Mohamed Bouzid et M’hamed Issiakhem. Avec ce dernier, il passera quelques temps dans la capitale française en 1951. Louaïl n’a que 21 ans et il est fasciné par la création cosmopolite. En 1953, jeune diplômé, il est recruté au Service de l’artisanat dirigé par Lucien Golvin. Il y retrouve Bachir Yelles, Ali Ali-Khodja et Ahmed Kara-Ahmed.
il obtention d’une bourse d’études et retourne en France pour quelques années. Il vit de petits jobs, entre autre, maquettiste dans une école d’architecture, décorateur au théâtre…
Lorsqu’il retourne à Paris, en 1957, pendant la bataille d’Alger, il vit de petits jobs : manœuvre dans le bâtiment, maquettiste dans une agence d’architecture et d’urbanisme, décorateur de théâtre…
Après l’indépendance, Louaïl rentre à Alger avec Issiakhem. Il fait partie des 12 membres fondateurs de l’Union Nationale des arts plastiques, l’UNAP, en 1963. Mais suite à des désaccords, il se retire de la formation et se joint à Issiakhem lorsque celui-ci crée le groupe des « trente cinq », en 1964.
Cette même année, il crée le Musée de l’enfance et en devient le conservateur jusqu’à sa retraite en 1995.
Mohamed Louaïl est l’un des pères fondateurs de l’art moderne, la génération de 1930. Mais contrairement aux autres artistes, il n’a pas été aussi prolifique. Parce que son travail au Musée lui laissait peu de temps face au chevalet. Néanmoins, ses œuvres sont aussi nombreuses que variées : passant du figuratif à l’abstrait, tous les supports deviennent des œuvres d’arts sous l’effet de ses pinceaux, son fusain, ses pastels…
Son honnêteté et sa fidélité lui valent le surnom de l’artiste gentleman. Louaïl est presque effacé tant il est discret. Pourtant, il marque l’histoire de la peinture algérienne comme il marque les esprits qui l’ont connu. En 1990, l’un de ses amis, Mohamed Khadda, l’évoque ainsi : « Si, tout au bout de la marge que notre société réserve à l’artiste, on ajoute l’espace supplémentaire, puis du feutre pour atténuer les bruits et les rumeurs de la ville, puis encore du clair-obscur, on aura peut-être la chance de rencontrer dans ces parages l’homme taciturne, l’artiste discret qu’est Mohamed Louaïl ».
Son décès afflige tous les artistes en particulier et toute la scène culturelle du pays en générale.
Rachid Akkache, non sans émotion, le décrit avec ces mots : « c’était quelqu’un qui a fait preuve tout au long de asa vie d’une certaine singularité, il a été formé par de grands maîtres, mais il est allé au-delà de cette formation, il n’était pas un simple apprenti mais un véritable génie dans son genre… Son œuvre comme lui-même rayonne d’un éclat particulier, il nous a donné à voir la société sous des angles que nous n’avions pas l’habitude de considérer. Il ne cessera pas de nous hanter au sens noble du terme ».
Zineb Merzouk