Au moment des faits, la prison compte environ six cent cinquante islamistes, dont plusieurs dirigeants du Front islamique du salut et du G.I.A. ainsi que Boumarafi, l’assassin présumé du président Mohamed Boudiaf.
Alors que des négociations sont entamées entre la cellule de crise installée à cet effet et les mutins, un ordre est donné de tirer sur les détenus. Bilan : 100 détenus dont 81 islamistes tués et quatre gardiens «égorgés par les mutins», selon les autorités. Boumarafi est grièvement blessé.
Cette rébellion fut-elle, comme le veut la thèse officielle, «une tentative d’évasion fomentée par les GIA avec la complicité d’un gardien»? Ou, comme l’affirment les organisations de droits de l’homme, un «simulacre de mutinerie» organisé pour éliminer des dizaines d’islamistes, dont plusieurs chefs du FIS détenus à Serkadji?
En 1998, un premier procès n’avait pas permis d’éclaircir les zones d’ombre de cette sédition dans une prison réputée l’une des plus dures du pays. Le jugement en appel n’y a pas davantage contribué. Deux des avocats de la défense se sont d’ailleurs retirés au début des audiences pour protester contre le rejet de leur demande de faire comparaître des témoins qui, au moment des faits, occupaient des postes clés au sommet de l’Etat l’ancien président Zeroual et l’ex-ministre de la Défense Khaled Nezzar et de la hiérarchie policière et judiciaire.
Vingt ans après cette affaire, les questions demeurent sans réponses claires : qui a fait sortir les détenus de leurs cellules ce 21 février? Pourquoi et par qui les gardiens ont-ils été tués? Pourquoi a-t-on donné l’ordre de tirer sur les mutins alors que les négociations étaient encore en cours ? Pourquoi le directeur de la prison, alerté sur une possible mutinerie, n’a-t-il pas pris de mesure préventive?
Sources :
Le Soir d’Algérie du 08/11/2007