Baghdadi est né dans une famille modeste. Il est inscrit à l’école coloniale «Avicenne» jusqu’en 1950. Très studieux, il passe en sixième dans le grand lycée Lamoricière (plus tard dénommé Pasteur).
Très doué pour les lettres, il lit beaucoup et se familiarise très tôt avec les qacidate de notre patrimoine. Plus tard, il fera des rencontres fécondes, notamment avec Abdelkader El Khaldi, Cheikh Omar Mokrani de Chlef, Cheikh Mimoun Mohamed Benaouda, les frères Saïm de Sidi Bel-Abbès, qui vont lui inspirer les plus belles chansons
Et dès 1953, il fréquente le petit théâtre de la rue Chanzy. Son premier rôle, il l’obtient dans la pièce de Ahmed Bentouati « El Kenz » puis dans celle de Hadjouti Bouâlem « Zouadj El Youm ». Et le 10 juin 1955, il joue « Bent El Waha Anissa Nanoussa », aux côtés de la grande comédienne Keltoum, une pièce présentée à Oran par la troupe de Mahièdine Bachtarzi.
C’est en cette même année que Baghdadi est forcé de quitter les bancs de l’école, alors qu’il est en première au lycée. Il choisit de devenir écrivain public. Il exerce son métier au cœur de la ville d’Oran, à M’dina Jdida, dans un local de sis à la rue Hadj Salah.
Le cliquetis de sa machine à écrire retenti des heures durant, reprenant les complaintes de petites gens, misant tout leur espoir dans des lettres providentielles. Ainsi, Baghdadi est témoin de la misère, la douleur, le malheur de ses compères. Et sa plume de paroliers se met à crisser sur le papier, reprenant et alignant les difficultés de la société. L’injustice et le favoritisme règnent déjà en maitre dans l’Algérie fraichement indépendante. Et dès 1963, on entend «Bou bouh ouel Khadma Oullet Oujouh » et « Iji N’harek ya el khayen, iji n’harek», deux titres qui lui valent un séjour de quatre jours en prison, sur ordre du wali d’Oran. Le président Benbella interviendra en personne pour sa libération.
Baghdadi, allias Ahmed Saber reprendra les plus beaux textes de ses maitres, dont la sublime « Bakhta ». Il écrira aussi une centaine de qacidate, dont « Bnat Jili », « Ya tallag Martek », « Ghram Ouahran », « Ouili ya Ouili », « Dabar Rassek Oueld Bladi », « Cheft Mra Tebki »… Et «El Waktia», une quacida en quatre grandes parties, consacre définitivement la grande réputation du jeune oranais.
Et malgré la censure de la radio et de la télévision, Ahmed Saber persiste dans son style acéré et ironique, mêlé d’humour et de générosité. Ses textes sont en fait le reflet de son âme. Une âme sensible et sincère.
Saber se produit dans de nombreux galas où le succès est toujours au rendez-vous.
De santé fragile, il meurt après une très brève maladie, le 19 juillet 1971, à 13 heures, au domicile familial au 47 de l’avenue du Parc, à Maraval (Oran). Il n’a que 34 ans et marquera de son empreinte la musique Asri, étant considéré comme la liaison entre la tradition pré-indépendance, Raï moderne.
Z.M.
Sources :
- https://www.reflexiondz.net/40-ANS-APRES-SA-MORT-CES-CHANSONS-VIVENT-TOUJOURS-Ahmed-Saber-l-homme-qui-a-dit-haut-El-Khedma-Bel-Oujouh_a6044.html
- https://www.vitaminedz.com/ahmed-saber-le-chanteur-rebelle/Articles_15744_3350_31_1.html
- https://dzactiviste.info/ahmed-saber-lhomme-qui-a-dit-haut-et-fort-el-khedma-bel-oujouh/comment-page-1/
1 Comment
Le succès d’Ahmed Saber est dû au grand poéte populaire Omar El Mokrani qui est l’auteur de la serie El Ouaktia. Ahmed Saber après avoir enregistré le disque El Khedma et El Khayen, il a été interpellé par la police générale sur ordre du préfet Souiyeh Houari, gardé à vu à la préfecture pendant 4 jours avant que le prefet reçoit l’ordre d’Alger de sa mise en liberté. Veuillez vous referais sur Jean Pierre Cheveinement pour connaitre la qualité et les antécedents de ce prefet qui a remplacé Jean Pierre Cheveinement à latête de la préfecture d’Oran le 26 juillet 1962. Le parolier du tube Bouh Bouh c’était l’ami intime de Saber, il s’agit du chef de service de l’état civil de la mairie d’Oran à cette époque Ghali Blel.