Farid Ali, de son vrai nom Ali Khelifi, est né les 9 janvier 1919 à Ikhlefounen, dans la commune de Bounouh, dans la wilaya de Tizi-Ouzou.
Après de brèves études chez les Pères blancs et l’obtention d’un certificat d’études professionnelles (CEP), il quitte son village natal en 1935. Ali débarque à Alger où il exerce le métier de cordonnier à la rue Randon.
Après la mort de son père en 1937, il décide de prendre le chemin de l’émigration. Il s’installe en France où il travaille comme convoyeur. Selon certaines sources, il aurait combattu dans les rangs des Brigades internationales en Espagne auparavant.
A Paris, il est encouragé par les différents chefs d’orchestre du moment, Mohamed El Kamal et Mohamed Al Jamoussi, et, plus tard, par le notoire Amraoui Missoum. Farid Ali se consacre ainsi à la musique et en 1949, il est programmé pour un numéro de claquettes lors de deux récitals organisés par Mohand-Said Yala à la salle Pleyel, en compagnie de Mohamed El Kamal, Allaoua Zerrouki, Mohamed Al Jamoussi et les frères cubains Baretto.
En parallèle, il noue des amitiés avec les différents artistes venus chanter leur vie, leurs amours et leur nostalgie du pays. Ces rencontres et bien d’autres font naitre en lui des idées nationalistes.
En 1951, il est expulsé de France, accusé d’avoir participé à un attentat contre un responsable de l’ORTF.
De retour en Algérie, il séjourne tantôt dans son village natal, tantôt à Alger où il active au sein du PPA/MTLD. Comme tous les militants, il est obligé de se déplacer constamment et parfois même de se déguiser.
Grâce à Cheikh Noreddine qui lui procure une carte de la SACEM, il réussit à faire des enregistrements à la radio d’Alger. Et en 1955, il repart en France et renoue avec les artistes algériens. Missoum et Abder Isker l’associent à leur émission « Chanteur amateur » avec Hnifa. Militant actif de la Fédération de France, il est recherché et vit quasiment dans la clandestinité.
De passage en Algérie en 1956, il est arrêté dans son village. A la prison de Drâa El Mizan, il connaitra les affres de la torture. Libéré en 1957, il s’engage dans la lutte libératrice. Entre 1957 et 1958, Radio-Paris produit quelques sketchs et pièces radiophoniques où Farid Ali tient différents rôles.
En été 1958, avec d’autres artistes algériens, Ali par à Tunis et fait partie de la troupe artistique du FLN en tant qu’interprète. C’est à cette période qu’il écrit et compose sa plus célèbre chanson, «Ayema aâzizen ur tt’ru » (O ! mère chérie ne te lamente pas) qui sera entonnée par les djounoud dans les maquis. Des années plus tard, ce titre sera repris par Matoub Lounes.
En 1962, il enregistre quatre titres à la maison Philips et prend en gérance un restaurant à la Rue des Coqs qui se transforme en un relai où se retrouvent tous les chanteurs en provenance de France.
En 1964 suite à la crise politique en Algérie, il sera arrêté encore une fois et emprisonné à Barouagya.
A sa sortie de prison, un an plus tard, il part en France où il exerce plusieurs métiers de fortune, dans la ville d’Amiens. Déçu par sa vie privée (plusieurs mariages et divorces), malade et épuisé, il revient en Algérie en 1975. Il participe comme acteur dans quelques films (« Limadha » de B. Bakhti et « Barrières » de Lallem, entre autres). Et durant une année, il dirige, avec le fils de Cheikh Nordine, l’émission Chateurs Amateurs sur la Chaine II.
Asthmatique, il décédera le 18 octobre 1981, à l’âge de 62 ans et sera inhumé dans son village natal. Il laissera à la postérité une quinzaine de titres dont certains ont été repris par de nombreux interprètes.
Synthèse S. B.
Sources :