Certains disent qu’il est engagé comme son père, mais lui revendique simplement le droit de faire une musique festive tout en chantant ce qu’il pense du monde d’aujourd’hui.
Né à Alger, le 16 septembre 1972, Amazigh Kateb a grandit sur les planches de théâtre, les acteurs et les musiciens étaient ses baby-sitters.
Après le lycée, à Ben Aknoun, Amazigh part en France en 1988 et décide de s’y installer après le décès de son père. Comme le fruit ne tombe jamais très loin de l’arbre, Amazigh a un don particulier pour l’écriture. On le verra dans ses textes de chansons dès les débuts du groupe qu’il fonde en 1992, Gnawa Diffusion, dont les membres sont Grenoblois mais d’origines différentes. La musique de la formation est aussi à l’image de leur diversité culturelle, une union parfaite entre rap, raga et gnawi… et plusieurs langues.
De Légitime défense (1993) à Souk system (2003), Gnawa Diffusion balade son public entre poèmes châabi-romantiques (Ombre-elle, Sabrina…) et textes acérés politiques et engagés (Bab El-Oued Kingston, Douga Douga, Ouvrez les stores…), le tout, bien sûr, sur des rythmes qui invitent à danser !
Le groupe a un succès fou. Les jeunes algériens se retrouvent dans ses mots et dans cette irrésistible envie de danser jusqu’à l’ivresse pour oublier le mal-être, le « dégoutage ».
En 2007, peut de temps après un album live de 3 heures, enregistré lors d’un concert d’adieu à Alger, Amazigh Kateb quitte le groupe et se lance dans une carrière en solo. Pour l’artiste, c’est un véritable retour à sa liberté, à son histoire personnelle, notamment pour aborder l’écriture de son père. Sur cette nouvelle route, d’autres compagnons seront du voyage, tels que dj boulaone, mehdi ziouche, mohamed abdennour, amar chaoui, samuel flament alias, kweezy doctor, et bien d’autres « qui ont apporté de l’oxygène et de l’eau au moulin des sons et des mots ».
Son premier album en solo, Marchez noir, sortira le 17 octobre 2009, le vingtième anniversaire du décès de Kateb Yacine. Un album puissant qui révèle un artiste complet qui n’a pas fini de surprendre son public.
Amazigh n’aborde par les textes de son père que dans ses albums. En 2006, il travaille sur la pièce katébienne Mohamed prend ta valise, à Roubaix, près de Lille (France), avec la commune, pour la monter avec une troupe composée d’une vingtaine de comédiens. Mais le spectacle dépasse à peine le stade de projet, à cause de pressions subies par différentes associations d’anciens d’Algérie, entre autres. Une générale est donnée sans la présence de la presse, puis l’équipe est priée de quitter les lieux. Pour Amazigh « La France d’aujourd’hui n’est pas prête à entendre un discours clairement anticolonialiste. »
Jusqu’en 2010, le leader de Gnawa Diffusion participera au documentaire musical, Tagnawittude, réalisé par Rahma Benhamou El Madani. En parallèle, il continue à se produire, le plus souvent, sur des scènes françaises et autant que possible en Algérie.
L’année 2012 marque le retour fracassant et inattendu de Gnawa Diffusion sur la scène musicale. La formation souffle sa 20 ème bougie dans un contexte très particulier : des révoltes éclatent ici et là dans le monde arabe. Pour Amazigh ces peuples qui commencent à s’éveiller souhaitent un changement radical, mais leur chemin demeure pavé des mauvaises intentions des pays occidentaux.
Avec plus d’un tour dans son sac, Amazigh enfile, pour la première fois, la veste de comédien en 2014. Il joue Noureddine, le rôle principal dans l’adaptation cinématographique du roman d’Arezki Mellal, Maintenant ils peuvent venir, aux côtés de Rachida Brakni.
Synthèse Khadija T.
Sources :
- « Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007
- « Le printemps de Gnawa Diffusion, un retour inattendu – Entrevue », Interview de Géraldine Jippé, publiée le 08 juillet 2012 in www.camuz.ca
- Entretien avec Amazigh kateb, réalisé par Fayçal Anseur, in www.algerie-focus.com
- https://system-lhbal.skyrock.com