Premier notaire public musulman en Algérie, il occupait en fin de parcours le poste de chef de L’EXECUTIF PROVISOIRE, que De Gaulle lui octroya en 1962 après le cessez-le-feu du 19 mars de la même année.
Né le 30 janvier 1911 à Amalou prés d’Akbou dans la wilaya de Bejaïa (Bougie à l’époque), Abderrahmane Farès perd son père à l’âge de six ans (son père meurt en 1917 pour la France durant la Première Guerre mondiale). Il est recueilli chez son grand-père et, élève assidu, est envoyé pour être formé d’abord chez un oncle notaire à Akbou, puis chez un notaire réputé d’Alger. En 1931, il achève ses études de droit à Alger et devient Huissier à Sétif, puis assistant notaire à Sebdou avant d’être notaire. En 1936, il s’installe à Collo et devient le premier notaire public musulman en Algérie.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, Abderrahmane Farès devient conseiller municipal, puis siège au Conseil général du département d’Alger, avant de devenir député à la première Assemblée nationale Constituante à Alger, en 1946. Favorable à une « intégration dans le cadre français », il y défend l’établissement d’une égalité des droits entre français et français musulmans, par l’instauration du collège unique dans le régime électoral algérien. Mais déçu, suite aux refus successifs, il décide de ne plus se représenter à l’Assemblée d’Alger, lui préférant celle du sud, dont il devient président en 1953.
Lors de la proclamation du 1er Novembre 1954, Abderrahmane Farès est à Chicago. Il y séjourne depuis le début d’août, dans le cadre d’une bourse proposée par le consul général américain à Alger pour visiter les États-Unis.
Peu de temps après, il prend ses distances avec la politique d’assimilation et se rapproche du FLN.
En 1956, il s’installe en France et intègre la Fédération de France du FLN. Il est chargé de collecter des fonds pour la cause et apporte une aide juridique au besoin.
Le 15 novembre 1962, il est arrêté par les autorités françaises et emprisonné à Fresnes. Il sera libéré au lendemain du cessez-le-feu. Et en 1962, durant la période transitoire, il est nommé à la tête de l’Exécutif provisoire de l’Etat algérien, siégeant à Boumerdès (Rocher Noir à l’époque).
Le 3 juillet, la France reconnait officiellement l’indépendance de l’Algérie. De transfère les pouvoirs à l’Exécutif provisoire. Abderrahmane Farès décide alors de transmettre ses pouvoirs à Benyoucef Benkhedda, président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), mais ce dernier, en conflit avec le bureau politique du FLN de Ben Bella, préfère refuser la charge.
Durant son mandat, responsable du maintien de l’ordre, Abderrahmane Farès prononce le 30 mars un discours télévisé, devenu célèbre. Il lance un appel à la paix et au rejet de la violence, notamment destiné aux « européens » d’Algérie. Après la victoire du bureau politique du FLN et le retrait du GPRA à son profit, la première Assemblée nationale constituante (ANC) algérienne est formée. Le 25 septembre 1962, il remet le pouvoir au président de l’ANC, Ferhat Abbas.
En désaccord avec la politique autoritaire de Ben Bella qu’il dénonce ouvertement, il est arrêté en juillet 1964 et ne sera libéré qu’une année après, à l’arrivée de Houari Boumediene au pouvoir. Abderrahmane Farès se retire définitivement de la vie politique. En 1982, il publie La cruelle vérité, « Mémoires politiques (1945-1965). (Editions Plon, Paris). Il y évoque entre autre les modalités de négociations de l’indépendance, notamment avec l’OAS. (L’ouvrage a été réédité par Casbah en 2006).
Abderrahmane Farès est décédé le 13 mai 1991 à Zemmouri (wilaya de Boumerdès). Il avait 80 ans.
Z.M.