Cela s’est passé le 16 janvier 1956, Gamal Abdel Nasser devient le deuxième président de la République d’Egypte.

A la faveur d’une nouvelle Constitution promulguée à cette date là, Gamal Abdel Nasser est d’abord élu président par plébiscite. Ce nouveau texte déclare notamment que l’Egypte est une nation arabe, que le régime présidentiel est établi à la place de la forme parlementaire de gouvernement. Il octroie ainsi de larges pouvoirs exécutifs au nouveau président. Ce dernier peut nommer son propre cabinet et, surtout, désigner les membres de l’Assemblée nationale, sous réserve de l’approbation du peuple par la voie d’un référendum. Une double procédure référendaire sera ensuite exercée le 23 juin de la même année : ratifier ladite Constitution et approuver l’élection de Gamal Abdel Nasser à la présidence de la République.  

 

 

Dans ce contexte, il est déjà fort de son statut de leader historique, lui qui est à la tête du Mouvement des Officiers Libres ayant destitué le roi Farouk, le 23 juillet 1952 lors d’un coup d’Etat, et mis fin à la monarchie en Egypte. La République est proclamée, le 18 juin 1953. L’an d’après en février, le voilà en même temps président du Conseil de la Révolution et premier ministre, non sans continuer à s’opposer à son rival, le général Mohamed Naguib, celui qui sera nommé avant lui, premier président. La politique intérieure de Nasser se traduira, sous l’enseigne d’une réforme agraire, par le démantèlement des bases sociales terriennes liées à l’ancien régime monarchique. Une action qui vise en même temps toutes les forces sociales : libéraux, démocrates et, surtout, les Frères musulmans, afin d’asseoir un appareil sous le contrôle de l’armée.  

 

Panarabisme 

Aussi, le changement de la société en Egypte passe, à ses yeux, par le projet du haut barrage d’Assouan (sur le Nil en Haute Egypte). Les Américains refusent de le financer, ce qui motive la nationalisation du canal de Suez (26 juillet 1956) pour générer des sources de revenus à la construction de ce barrage, mais aussi pour le développement du secteur public en bénéficiant du soutien de Moscou. Cette vision engendre un conflit avec la Grande-Bretagne, la France (gérants du canal) et même Israël. D’autant que Gamal Abdel Nasser prône un panarabisme qui comprend la libération de la Palestine. L’Egypte devient alors le principal soutien de la guerre de libération nationale en Algérie. Au Caire, une représentation algérienne y est installée depuis le début 1950, elle est composée notamment de Mohamed Khider, Hocine Aït Ahmed et Ahmed Ben Bella. Les rapports égypto-algériens sont bien entretenus par Nasser, il met au service de ses hôtes la station radio Sawt El Arab (La voix des Arabes). Elle servira, entre autres, à la diffusion de l’appel du 1er novembre 1954, date du déclenchement de la guerre anticoloniale. La solidarité nassérienne est sûrement indéfectible, mais elle s’affirme au nom de la résistance arabe et non de la révolution algérienne. Cette orientation panarabiste persistera même au-delà de l’indépendance, non sans susciter un débat sur l’identité et la souveraineté algérienne. 

 

 Dans le monde arabe, l’influence du leadership est telle que les voisins syriens sont favorables à une fusion des deux Etats. Les deux parties s’accordent, le 21 février 1958, par référendum sur la création de la République Arabe Unie, présidée dès le lendemain par Nasser. Dotée d’une Constitution provisoire en 73 articles, le 05 mars, elle représente une première avancée vers une unité arabe, à commencer avec le Yémen. Elle prévoit un exécutif et un législatif au niveau central. Quant aux affaires locales principales, elles demeurent du ressort des conseils exécutifs de chaque pays. Cette dynamique sera éphémère, le rêve nassérien de renaissance arabe s’estompe, la Syrie ayant annoncé, le 28 septembre 1961, sa séparation de l’Union.  

 

Mohamed Redouane 

Bibliographies:

  1.  Portail pour l’Egypte : State Information Service.  
  2. Site nasser.bibalex.org 
  3. Dustur/Aperçu sur les Constitutions des Etats arabes et islamiques de Leiden E. J. Brill, 1965 (Seconde édition l’Encyclopédie de l’Islam, Pays Bas).
  4. Encyclopédie Universalis France.
  5. Illustrations: www.maysaloon.news

 

  

  

 

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