Dans ses chansons, en plus de d’évoquer l’amour dans de belles poésies, elle a chanté les faits d’armes et l’héroïsme des moudjahidine et a pleuré leur perte et leur mort, décrivant la dure réalité des maquis. Elle est à elle seule une citadelle du chant bédouin de l’Est.
Née le 21 janvier 1920 chez les Béni Barbar, dans les environs de Souk-Ahras, au sein d’une famille nombreuse de douze enfants, Beggar Hadda ou Hadda El Khancha fut l’une des premières femmes à chanter pour les femmes et pour les hommes à la différence des chanteuses des villes d’avant l’indépendance qui possédaient des orchestres strictement féminins.
Cette chanteuse qui fit les campagnes et les principales villes algériennes et les principales villes françaises avait eu un destin particulier dans le sens qu’elle était stérile et divorcée par deux fois. Mariée à un homme âgé sans son consentement à l’âge de 12 ans, par sa mère, elle-même chanteuse, elle s’enfuit du foyer conjugal pour mener une vie aventureuse en animant les fêtes familiales jusqu’à ce qu’elle rencontre, à l’âge de 20 ans, l’homme qui allait bouleverser sa vie: son flûtiste et son futur époux, Brahim Bendabêche, Hachemi de son vrai nom ( décédé en 1981) qu’elle vit, pour la première fois, à la fin d’une fête de mariage près d’El Mechrouha. Beggar Hadda qui resta longtemps un mystère parce qu’elle refusa de voir sa photo sur les pochettes de ses disques, avait fait ses débuts avec les Guessabas de Boukebche.
Ses chants patriotiques comme Yal Djoundi Khouya ou bien Dammou sayeh bayn el widane Hakka galou débordants de sincérité ont marqué plusieurs générations.
Après une carrière de plus de 50 ans, ignorée par la presse et la télévision, jusqu’en 1990, elle s’installa définitivement à Annaba. Celle qui s’est imposée comme la continuatrice du grand Djarmouni fera une dernière apparition en 1992 au cours de l’émission d’Abdelkrim Sekkar, Bonsoir Culture.
Elle a chanté la vie, l’amour et ses peines et reste connue par sa célèbre chanson Ya baba sidi.
La diva du bédouin Hadda El Khancha s’est éteinte dans l’indifférence, en mendiante et à moitié folle à Annaba, sa ville d’adoption, en janvier 1999.
Sources :
- « Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007.
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N’était-il pas possible d’insérer dans l’article une vidéo réalisée à partir d’un enregistrement TV ou autre, de l’époque ? Ou une de ses chansons ?