Al Razi laisse à la postérité une oeuvre qui rassemble 184 volumes (61 concernent la médecine). Son écrit le plus connu, demeure « Kitab Al-Hawi » (Continens), une encyclopédie médicale en 22 volumes de médecine pratique et thérapeutique qui fait le bilan des connaissances médicales du X eme siècle. Elle contient de nombreux extraits des auteurs grecs et hindous. Cette réalisation a été rendue possible, grâce à de nombreux soutiens et à la collaboration de ses étudiants qui publièrent une œuvre posthume enrichie d’après ses notes et ses observations personnelles.
Savoir théorique et pratique clinique
L’érudit est persan mais lit et écrit en arabe. Il étudie (entre autres) les auteurs grecs et hindous. D’ailleurs, il fut l’un des rares scientifiques de son époque à citer ses sources, qu’elles soient grecques ou arabes. Il poursuit sa formation en voyageant en Syrie, en Égypte, en Andalousie, complétant ses connaissances livresques par une pratique clinique et expérimentale. Il joua un rôle fondamental dans le développement de la méthode clinique, et attache une grande importance à la symptomatique. Il insistait sur l’importance d’allier le savoir théorique à la pratique clinique
Il commence à pratiquer la médecine à partir de 30 ans, et exerce (entre autres) en tant que Médecin chef de l’hôpital de Bagdad, où il organisa la première structure hospitalière arabe. « Il y dispensait un enseignement réputé et assurait son service entouré de ses élèves et de ses assistants. Les étudiants posaient des questions, les réponses étaient d’abord faites par les plus jeunes, puis les plus expérimentés, enfin Rhazès se chargeait de la synthèse. Des consultations externes étaient organisées ainsi que des soins à domicile, les nécessiteux bénéficiaient d’une aide médicale. »*
Un cœur sain dans un esprit sain
Pour illustrer le travail remarquable d’Al Razi, nous citerons à titre d’exemple le volume VII de sa précieuse encyclopédie; et qui évoque les maladies de la poitrine, du cœur, du foie et de la rate.
On y apprend qu’en dehors des drogue cardiaques, Al Razi accorde beaucoup d’importance à l’hygiène de vie, et au mental du patient; à qui il recommande de se « divertir, écouter de la musique, bien dormir, parfumer ses habits, et éviter la fatigue et le coït ». On découvre qu’il s’inscrit en précurseur, en préconisant déjà une alimentation saine, pauvre en lipides et privilégiant les viandes maigres et les fruits.
Par ailleurs, et dans ce même volume il dresse un tableau, qui précise les différentes maladies du cœur, et répertorie les signes annonciateurs, afin de faire une prescription. Par exemple, pour les malades souffrants d’humeur sèche du cœur, dont les signes sont la maigreur du corps, et un pouls petit et fréquent; Al Razi préconise d’éviter la fatigue. Et en cas de fièvre qui accompagne ce mal, il déconseille le lait, et recommande la prise de bain avec de l’eau pure, suite auquel sera appliqué sur la poitrine et entre les épaules du malade : une huile et de la cire. Dans ce cas, il lui est également indiqué de boire une soupe d’orge, accompagnée d’huile d’amande et d’un peu de sucre.
En dehors du legs pour la postérité, Al razi fut le premier à s’intéresser à l’aspect psychosomatique dans le diagnostic des maladies, constatant, que certaines maladies étaient suscitées, en premier lieu, par des causes psychosomatiques.
Synthèse Louise. B
*Professeur Halima Ghérari
Sources :
- Al Razi, « Les divisions des maladies (Al-taqssim wa al-tashjir). »
- Mahmoud Aroua, « Le coeur dans la médecine arabe ».
- Halima Ghérari, »Les promoteurs de l’esprit scientifique dans la civilisation islamique ».
- Image : Al-Razi, dans le « Recueil des traités de médecine » de Gérard de Crémone, 1250-1260.