Il fait partie des figures marquantes du théâtre algérien, en tant que comédien, mais aussi en tant qu’auteur et adaptateur de nombreuses pièces.
Né le 20 décembre 1939 à la Glacière, à Alger, M’hamed Benguettaf travaille comme serrurier, apprenti bouché, puis employé dans une usine de sardine. Il viendra au théâtre par hasard. En 1963, après une audition à la radio, il est engagé comme comédien stagiaire.
En 1966, il rejoint le Théâtre national algérien où il traduit et adapte Nazim Hikmet, Kateb Yacine, Ali Salem, Mahmoud Diab et Ray Bradbury.
Durant les années 80, Benguettaf collabore régulièrement aux créations du metteur en scène Ziani Cherif Ayad. Les deux hommes quittent le TNA en 1988, pour la création de la compagnie théâtrale Masrah El-Kalaâ (Le théâtre de la Citadelle), en compagnie de Azzeddine Medjoubi et Sonia.
Dans El-Ayta (Le Cri, 1989) qui consacre Benguettaf comme auteur à part entière, un être de blessures et de larmes se dessine. Benguettaf reconduit obsessionnellement le même personnage, fataliste, digne, en prise avec une existence qu’il récuse. Et lorsqu’il écrit Fatma, en 1990, il met beaucoup de lui dans la révolte d’une femme qui forge de ses fers le glaive de son affranchissement et qui fait de sa résignation le levain de sa colère. Fatma est le premier monodrame féminin du théâtre algérien dans lequel la comédienne Sonia brûlera littéralement les planches avant de le mettre elle-même en scène une quinzaine d’années plus tard.
Il a adapté de nombreuses pièces, dont Bab Al Foutouh de l’Egyptien Mahmoud Diab, Ibliss Laouar (Le diable aveugle) Afrit ou afrfrouh… et Les martyrs reviennent cette semaine de Tahar Ouattar.
Benguettaf, brillant comédien doublé d’un poète, a aussi écrit de nombreuses pièces, dont Qif (Stop), Djeha wa nass (Djeha et les gens) et bien entendu Al-Ayta (Le Cri) qui signe l’acte de naissance d’El-Qalaâ et qui a obtenu de nombreux prix.
En 1994, il écrit La répétition que Ziani Chérif Ayad monte la même année à Paris. En tant qu’acteur de cinéma, il a joué notamment dans La Voie (1968) et Sanaoud (1972) de M.S. Riad.
En 2003, il sera l’auteur d’une adaptation contemporaine de Don Quichotte L’homme qui n’y était pour rien, une co-production algéro-française qui a reçu le label Djazaïr, une année de l’Algérie en France. Le 16 août de cette même année, il succède à son ami Ziani Chérif Ayad à la tête du Théâtre national algérien. En parallèle, Benguettaf sera, un peu plus tard, commissaire du Festival national du théâtre professionnel et président d’honneur du Festival international du théâtre d’Alger.
Parmi ses œuvres théâtrales publiées, La répétition ou le rond point des artistes (1994), Arrêt fixe (1996), Matins de… quiétude (1998) (aux Editions Lansman de Bruxelles, Belgique).
M’hamed Benguettaf décède le 5 janvier 2014, à l’âge de 75 ans des suites d’une longue maladie. Il repose au cimetière El Alia d’Alger.
Synthèse K.T.
Sources :
- « Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007.
- https://www.vitaminedz.org
- https://www.lematindz.net
- https://masrahdz.com