Quel pourrait être le point commun entre la piscine d’un château à Munich, une œuvre d’art représentant une scène biblique dans un musée allemand, les salles d’eau d’un autre château à Copenhague, une pièce particulière d’un château dans les Yvelines en France et une demeure de la Casbah d’Alger ?
A priori aucun vu les différences trop importantes déjà entre les deux rives de la méditerranée sans même réfléchir à des point commun entre des demeures situé à Alger, Munich et Copenhague trois villes qui même à des époques communes ont connu des destins diamétralement opposés.
Pourtant un élément réuni toutes ces demeures royales, vu que pour la Casbah d’Alger c’est du palais Mustapha Pacha qu’il s’agit, un élément décoratif et de revêtement est retrouvé, et reste encore en bonne état de conservation dans toutes ces bâtisses.
Il s’agit de la faïence de Delft, un revêtement mural à la mode au XVIIème siècle, produit dans la ville hollandaise de Delft, et qui était arrivé à Alger par des prises de corsaires puisque cette porcelaine raffinée et ces carreaux de faïence très prisés ont été commercialisés dans plusieurs pays du monde à travers la Compagnie néerlandaise des Indes Orientales qui commerçait avec le monde entier.
En revêtement ou en vaisselles à usage domestique ou décoratif, les faïences de Delft acquirent leur notoriété grâce à la finesse des pièces, à la qualité de leur émaillage, et à la finesse de leurs décors peints. L’émail stannifère blanc utilisé permit aux faïenciers hollandais d’approcher l’aspect de la porcelaine chinoise.
En 1654,la production avait commencé à se développer pour atteindre un tel niveau qu’en 1742, six moulins à vent de la région de Delft étaient spécifiquement chargés de moudre les oxydes métalliques et les minéraux nécessaires à la fabrication des émaux colorés, 17 fabriques lavaient et préparaient les terres le long du canal de Rotterdam.
Edifiée vers 1798, Dar Mustapha Pacha se situe dans la basse Casbah, dans le quartier Souk-el-Djemâa, bordant la rue des frères Mecheri. Ce palais construit pour le Dey Mustapha Pacha, il fut ensuite la demeure du général Trobriant, puis converti en 1863 en bibliothèque nationale jusqu’en 1948 pour devenir à l’indépendance le siège de plusieurs organisations, il a fait objet d’une restauration pour devenir le futur musée de la miniature, de l’enluminure et de la calligraphie.
Aujourd’hui ouvert au public, le rez-de-chaussée et hall d’entrée de cette demeure, le Sqifa, comporte sur ses murs quelques milliers de petits carreaux de faïence de Delft à fond blanc chacun décoré par les artisans de l’époque d’un petit voilier de couleur bleu, un bleu qui sera reconnu plus tard comme « le bleu de Delft» tout comme «la tente tartare» pièce du château de Groussay en France dans les Yvelines.
Demeure reflétant le caractère et les gouts de ses bâtisseurs ou de ceux qui l’occupent, DarMustapha Pacha reste une bâtisse d’exception de par les penchants de ses bâtisseurs ou du dey lui-même pour la faïence puisque la maison entière devrait en contenir près de 500 000 carreaux.
Il n’est pas rare non plus de retrouver parfois quelques carreaux ornant les murs d’autres demeures du Fahs ou des palais construits à la fin de la régence ottomane.
Mohamed Rafik
1 commentaire
les carreaux de faïence : zelayedj en espagnole azzulejos technique connu des andalous bien avant les hollandais auxquel l’article fait réference.
L’andalousie musulmane a exporté bien des techniques et de savoir à travers les échanges importants qu’elle entretenait avec l’europe par les caravanes et les marchés……