Une quarantaine d’hommes de l’ALN, commandée par le lieutenant Ali Khodja, tend une embuscade à une section de vingt-et-un hommes du 9e régiment d’infanterie coloniale de l’Armée française
Le vendredi 18 mai 1956, vers 11h15, alors qu’une unité française composée de 21 soldats traverse les gorges de Palestro (actuellement Lakhdaria), du côté de Ouled Djerrah, elle est prise sous un feu nourri. Un commando de l’ALN, celui de Ali Khodja, lui tend une embuscade.
En vingt minutes, l’unité française est réduite à cinq survivants, dont plusieurs blessés. Une fois assurés que l’ennemi n’est plus en mesure d’opposer de résistance, les éléments du commando se ruent sur l’unité anéantie. Ils entourent les cinq survivants et les cadavres de leurs compagnons, les désarment, puis prennent possession de leurs munitions et de leurs équipements. Quelques minutes plus tard, des villageois arrivent sur les lieux pour aider les moudjahidine à rassembler le matériel.
Le bilan de cette attaque s’est soldé par la mort de 17 soldats français, alors que deux autres sont blessés et deux indemnes. Ils seront faits prisonniers. Côté ALN, un seul tué, l’opération est un succès.
Deux des prisonniers sont emmenés, alors que les deux autres, remis aux habitants du douar, seront exécutés.
S’en suit des représailles durant cinq jours à l’encontre des habitants des douars de la région, particulièrement celui de Ouled Djerrah qui sera complètement rasé et ses habitants exterminés.
Au total, près de 200 villageois morts, dont une cinquantaine liquidée dès les premières heures qui ont suivi la découverte des cadavres des militaires français.
Le commando qui a tendu l’embuscade, de son côté, scinde en deux groupes. Une vingtaine de moudjahidines et les deux prisonniers prennent la route vers le secteur de Tifrène, alors que Ali Khodja prend le chemin en direction de Bouzegza.
Le 23 mai, le premier groupe est localisé dans une grotte de Tifrène. Après un violent combat, les militaires français pénètrent dans la grotte et découvrent des corps inanimés. Les djounouds et l’un des prisonniers sont morts. Le second otage est blessé.
Ce dernier animera une conférence de presse et affirmera que les moudjahidine les ont bien traités et leur ont permis d’écrire à leurs familles.
Dès le lendemain de l’embuscade, la presse de l’époque lance une violente campagne médiatique. Elle évoque des faits sanglants commis sur les cadavres des soldats français, notamment des mutilations atroces.
Ces actes sont imputés à aux éléments de l’ALN. Mais ces derniers démentent l’accusation. Selon plusieurs témoignages et écrits, se sont les villageois, justement, qui ont commis ces atrocités. Cette version reste la plus plausible lorsqu’on apprend l’histoire de la région. En effet, plusieurs villages avaient subi une cruelle répression lors de la révolte d’El Mokrani- Bel Haddad au printemps 1871, pour avoir attaqué des colons. Par la suite, la région subira aussi les séquestres des terres des insurgés et le prélèvement d’un impôt de guerre important.
Ainsi, la mémoire collective des villageois de Palestro a nourri une haine féroce contre l’occupant. Une haine qui ressortira lors de l’embuscade du commando Ali Khodja et qui donnera lieu à une « vengeance des mémoires ».
Synthèse K.T.
Sources :
Pierre Montagnon, « Histoire de l’Algérie : des origines à nos jours », Pygmalion, coll. « Rouge et blanche», 1998
Raphaëlle Branche, « L’embuscade de Palestro. Algérie 1956 » Paris, Armand Colin, 2010
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JE CONNAIS CETTE RÉGIONS MOI JE CHERCHE DES INFOS SUR UN VILLAGE DU NOM DE GUENZET PRES BORE ET ZEMOURRA