Ali et Djedjiga se concertèrent la nuit avant le quitter le toit paternel. Ils quittèrent la maison à l’aube, en prenant soin de ne réveiller personne. C’est ainsi qu’ils prirent leur chemin à pied, par monts et par vaux, de village en village, de rivière en rivière…
Au cours de cet exode, Ali et Djedjiga endurèrent mille souffrances et mille misères : ils bravèrent la faim et le froid!
Il faisait déjà nuit quand ils furent en vue d’un village où ils aperçurent un château tout illuminé qui s’élevait au sommet d’une colline. Ils grimpèrent la colline avec courage, bien qu’ils fussent épuisés.
Enfin arrivés, ils frappèrent à la grosse porte, massive et cloutée : « qui êtes-vous ? » S’écria une voix rauque.
les enfants répondirent : « Nous sommes deux pauvres gens fatigués par un long voyage. Nous vous demandons, monsieur s’il vous est possible de nous accorder l’hospitalité pour cette nuit seulement. »
La porte s’ouvrit alors magistralement sur un jardin paradisiaque, plein d’arbres fruitiers et de fleurs de toutes couleurs… Plus loin, se tenait un bonhomme qui leur fit signe d’entrer et les conduisit aussitôt dans une maisonnette d’hôtes qui se trouvait au fond du jardin.
Ali demanda au monsieur s’il pouvait avoir la gentillesse de les laisser sa sœur et lui , passer cette nuit. Les deux orphelins étaient vraiment exténués. Ils avaient marché toute la journée!
« Mais bien sûr! » Répondit spontanément l’homme charitable du château, puis il s’empressa d’ajouter : » Je suppose que vous êtes fatigués : vous êtes trop jeunes pour supporter un aussi long voyage ! je crois aussi que vous devez avoir une faim de loup, n’est-ce pas ? »
Et sans plus tarder, cet homme généreux s’éclipsa pour revenir quelques temps après, les bras chargés d’un lourd plateau plein de pain, de fruits, et de plats garnis de légumes et de viandes ! « Voici votre souper ! » leur dit-il. Et, montrant du doigt un grand lit disposé sur le sol, il ajouta : « voilà votre literie, soyez sans crainte, elle est confortable ! » Précisa-t-il pour les rassurer.
La nuit se passer bien : les enfants égarés et fatigués se réveillèrent revigorés et en pleine forme. Le Maître de maison, après avoir sollicité et obtenu l’accord du prince héritier, annonça à Ali et Djedjiga qu’ils avaient l’autorisation de demeurer au château du roi pour y travailler : Djedjiga vaquerait aux travaux de cuisine et Ali s’occuperait du jardin avec les autres jardiniers.
Bientôt, la sœur d’Ali aura les faveurs du prince héritier qui tomba amoureux de la belle jeune fille aux longs cheveux d’or et aux yeux couleur vert émeraude. Dès qu’elle eut dix-huit ans, il l’a demanda en mariage. Elle accepta tout naturellement de l’épouser.
Le fils du roi fit célébrer son mariage en donnant une fête qui dura sept jours et sept nuits : tous les villageois avait festoyé sans répit. Un an après, ce fut au tour d’Ali de solliciter la main de la sœur du prince, la fille unique du roi : elle accepta naturellement ce jeune homme bien fait de sa personne, désormais frère d’une princesse. Leur mariage donna lieu a des réjouissances publiques qui durèrent sept jours et sept nuits.
Désormais, les deux orphelins vivaient dans le luxe et le confort de la cour royale! Mais, le chemin qui mène vers le bonheur demeure encore long et semé d’embûches… A suivre
Retrouvez les premières partie sur Babzman :
1: https://www.babzman.com/2015/le-conte-du-jeudi-la-vache-des-orphelins-partie-i-les-orphelins-bergers/
2 : https://www.babzman.com/2015/le-conte-du-jeudi-la-vache-des-orphelins-partie-ii-la-vache-sacrifie/
Par Kaci Hadjar
- Tiré du recueil « Ma mère racontait, contes kabyles anciens »
- Illustration : Huile sur toile, Dorofield Hardy