On attribue à la musique des pouvoirs magiques et de guérison depuis l’antiquité, ce n’est qu’au vingtième siècle, dans les années 1960, que la notion d’une profession dans ce domaine fait son apparition à l’état expérimental, cette nouvelle expérience est aujourd’hui connue sous le nom de musicothérapie. Cette pratique cherche à utiliser les propriétés supposées de la musique et du sonore comme support afin de rétablir, maintenir ou améliorer les capacités sociales, mentales et physiques d’une personne.
Cette pratique moderne de la psychologie et de la psychiatrie tire pourtant ses sources de l’antiquité et des pouvoirs attribués à des musiques ancestrales, chez les Grecs, il existait déjà des « musicothérapeutes » qui influençaient l’humeur et les humeurs en utilisant divers instruments, rythmes et sons qu’ils choisissaient selon le mal. Preuve que depuis les premières civilisations la musique adoucit les mœurs.
Au Ve siècle avant J.C. les chinois avaient déjà répertorié une multitude de rythmes et de sons qui correspondraient chacun à un organe du corps humain et pourrait avoir une influence apaisante sur ce dernier.
Sans avoir la prétention de l’ériger au rang de médecine reconnu, la musique en tant qu’élément thérapeutique reste une composante cruciale des sociétés en Afrique où la musicothérapie est toujours associée à un rituel tenu pour une multitude d’occasion.
Souvent cette pratique ancestrale était liée à des maux psychologiques que les populations ont de tout temps assimilés au mauvais sort et aux esprits malveillants particulièrement dans les régions désertiques où la musique a souvent été indissociable de la thérapie.
En Algérie cette pratique musicale cérémoniale a de tout temps existé sous différentes formes qui nous sont parvenu à notre époque comme bien culturel immatériel par forcement documenté qui est encore ancré dans les us et coutumes locales sous une formes musicales que beaucoup peuvent aujourd’hui percevoir comme éléments folkloriques.
Chez les touaregs plusieurs genres musicaux perçus comme folklore local sont, dans l’intimité des kel temasheq, des pratiques thérapeutiques souvent liées de près à une sorte d’exorcisme très codifiées et qui se tiennent lors de cérémonies qui voient s’exprimer toutes les angoisses de la communauté autour de rituels musicaux de Tindi, Tazangharet ou d’Imzad.
Ces musiques mystiques quasiment impossible à dater, et qui sont pratiqué au moins depuis l’antiquité vu l’aspect et le procédé rudimentaire de fabrication des instruments et les matériaux nécessaires à cela, sont assimilées du moins chez la population à une forme de thérapie de groupe articulée autour des musiciens qui endossent aussi le statu de guérisseur.
Une étude de l’ethno-musicologue Faiza Seddik Arkam sur le rapport entre musiques traditionnelles et maladies dans l’Ahaggar voit dans cette pratique rituelle un lien symbolique et médiateur entre les hommes qui persiste encore malgré l’évolution et les chamboulements de son environnement…
Mohamed Rafik
Retrouvez la partie 2, Thérapie par la musique, les cérémonies thérapeutiques chez les touaregs : https://www.babzman.com/2015/therapie-par-la-musique-les-ceremonies-therapeutiques-chez-les-touaregs-partie-2/