Artiste peintre et sculpteur, né à Batna, Rachid Mouffouk est réputé pour ses personnages en ronde-bosse et en matériaux et objets recyclés.
Rachid nait un 29 janvier 1955 à Batna. Plus fragile que son frère jumeau, ses parent pensent qu’il ne survivra pas longtemps et ont même peur qu’il soit dévoré par des chats, tant il est chétif.
Il entre à l’école en septembre 1962, alors que les algériens sont encore dans l’euphorie de l’indépendance. L’expérience est quasi traumatisante pour l’enfant qu’il est : sortir de la chaleur familiale pour se retrouver face à des enseignants qui ne ménagent pas ses sentiments et ne perçoivent pas sa peur de l’étranger.
Ce mauvais départ fait que Rachid rencontre des difficultés scolaires durant les premières années. A la maison, les nombreuses corvées qu’il doit accomplir quotidiennement pour ses parents, n’arrangent pas les choses pour lui.
Mais c’est certainement à cause de cette enfance quelque peu perturbées qu’il se réfugie dans l’art. Un peu parce qu’il souhaite construire ses propres jeux et un peu aussi pour plaire à son entourage.
Rachid grandit et ses jeux et jouets grandissent avec lui. Aujourd’hui, tous ces objets encombrent joyeusement son foyer et son atelier. De même qu’une multitude de bric à braque qui lui servent lorsqu’il monte une sculpture.
Quant à son rapport à l’art, il se trouve simplement dans le musée à ciel ouvert de Batna. Les ruines romaines sont en effet pour une véritable école d’art. Sans compter ses rencontres avec les nombreux artistes natifs de sa ville. D’ailleurs, il réalise sa première sculpture sur un morceau de bois (matériaux rare à l’époque), offert par Mohamed Houfani, un sculpteur lui aussi. L’œuvre qu’il réalise est celle de Diane, la déesse de la chasse dans la mythologie romaine.
Durant sa carrière, Rachid Mouffouk a réalisé des dizaines de sculptures, souvent faites de matériaux de récupération, mais aussi de matières couteuses. Il sculpte le bois, les formes en volume, en relief, et il travaille également la soudure ou l’assemblage. Ses œuvres sont dédiées à la nature, à l’écologie ou même à des événements d’actualité, comme la Palestine ou la guerre d’Irak.
Durant les années 80 et 90, le sculpteur fait une longue pose. Il ne réalise aucune œuvre. Les attentats du 11 septembre 2001 lui inspirent l’œuvre intitulée «L’effondrement des tours jumelles ».
Travaillant comme soudeur en charpente métallique dans une entreprise étrangère installée en Algérie, il lui arrive souvent d’exposer des œuvres sur le chantier. Le directeur séduit par l’artiste, lui change de fonction. Rachid se voit confier une fonction toute particulière, celle de distraire les travailleurs en sculptant ses œuvres sur le chantier !
En 2010, l’enfant prodige de Batna perd trois doigts de la main droite à la suite d’un accident survenu dans son atelier, alors qu’il travaille sur un trophée commandé par le ministère de l’Énergie et des Mines. Après deux mois, il revient à son art dont rien ne peut l’éloigner. D’ailleurs, il réalisera une belle sculpture nommée « Mes trois doigts », représentés par trois belles femmes qui partent !
C’est que Rachid Mouffouk, en plus d’être un artiste talentueux, est un philosophe. Il voit la vie et interprète les événements à sa manière, avec beaucoup de sagesse et de réflexion.
Pourtant, ce génie qui transforme de vulgaires matériaux en œuvres d’art, est marginalisé par ses paires. Certainement à cause de ses opinions : « je n’accepte pas que des objets vulgaires soient placés sur le même piédestal que les œuvre d’art… Une œuvre d’art est un produit purement humain, capable de sensibilité et qui tente de représenter dans des formes et des structures d’éléments… ». Ces mots suffisent à creuser un fausset entre lui et de « mauvais » artistes, ou des artistes jaloux ! Mais quoi que peuvent penser de lui ses détracteurs, Rachid Mouffouk assume ses avis et poursuit sa mission : la sculpture !
Khadija T.
Sources :
الفنان النحات القدير موفق رشيد باتنة الجزائر
بوكرش محمد
Publié le 18/05/2008 In https://www.alnoor.se
« Rachid Mouffouk, sculpteur. Imaginaire en liberté », par Belkacem Boumaila. Publié dans Liberté le 16 – 01 – 2012
« Ce grand talent mal aimé ! Le sculpteur Rachid Mouffouk », par B. Boumaila. Publié dans Liberté le 08 – 05 – 2010
Source image : réception chez le grand sculpteur de Batna Rachid Mouffouk – 17 décembre 2014 – Crédits à Reda Kerbouche / Wikimedia Commons