Il n’est pas rare dans les fêtes populaires et religieuses algériennes de voir des danses guerrières, parfois même avec de véritables armes, des simulacres de batailles, des combats de toutes sortes ou des joutes oratoires faire partie intégrante du rituels cérémonial, ou de la tradition populaire des célébrations.
Dans le grand sur, dans les hauts plateaux comme dans le nord une certaine violence est perceptible dans les célébrations, toujours simulée jamais effective, précédant généralement une grande communion populaire ou le partage d’un grand repas de fête.
Perçue comme un exutoire, issue à un mal embarrassant, par beaucoup de sociologues ces jeux violent, suggérant la violence ou le reproduisant de façon factice, sont une manière de se débarrasser de tout conflit pouvant miner la communauté ou la société avant de renouveler les pactes ou accords de paix régissant cette dernière généralement depuis plusieurs siècles.
Beaucoup de fêtes et de ziarates rendues aux différents mausolées constituent une manière singulière de renouveler et consolider les pactes de paix et les accords communautaires passés en des temps ancestraux.
L’un des exemples les plus criards de cette pratique reste la Sbeiba de Djanet récemment classée à liste indicative du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO dont le rituel célèbre un pacte de paix ancestral conclu entre deux tribus de deux ksours de la région et dont le rituel comporte d’abord une simulation de guerre avant de reproduire la signature symbolique du pacte de paix et réitérer ainsi l’engagement des anciens.
Cette fête pratiquement indatable, largement antéislamique, est également perçue comme un facteur de cohésion sociale concrétisant l’entraide de toute la population pendant les préparatifs de la fête en plus d’être une occasion de raviver un patrimoine musical et poétique ancestral.
Le pèlerinage rituel annuel au mausolée de Sidi Abdelkader Ben Mohamed dite Rakb Ouled Sidi Cheikh à Labiod Sidi Cheikh, comporte lui aussi des danses guerrières, des jeux équestres et des jeux d’escrimes.
Provenant de plusieurs villes de l’ouest et du sud ouest du pays des milliers de fidèles appartenant à une confrérie soufie se retrouvent chaque année à El Bayadh pour réitérer leur allégeance à la confrérie et initier les jeunes générations à ce rituel, grand moment d’échange, de rencontre et de cohésion, dédié à un saint homme disparu au 17e siècle.
Tous ces participants partagent le toit et le repas des habitants de la localité dont toutes les maisons restent ouvertes aux pèlerins et qui invitent les visiteurs à leurs tables en criant dans les rues cherchant ceux qui n’ont pas encore rompu le pain après avoir extérioriser les conflits et tensions qui peuvent miner la confrérie aux jeux équestres et jeux d’escrimes avant de se recueillir et de pratiquer la «Selka», une récitation du Coran qui dure toute la nuit.
Mohamed Rafik