Brillant musicien, chanteur et compositeur, Cheikh Sadek El Béjaoui est l’un des maîtres de la chanson andalouse et il a beaucoup apporté pour la conservation de ce patrimoine. Il est né un 17 décembre de l’année 1907, à Bejaia.
De son vrai nom Sadek Bouyahia, le futur Cheikh est né le 17 décembre 1907 à Bejaia, dans une modeste famille du vieux quartier Bab El Louz. Il a étudié à l’école coranique de Sidi El Badroni et a eu, entre autres enseignants, Cheikh Larbi Makhchich, Cheikh Belabbas et Cheikh Bachir Zerrouki.
Très jeune déjà, il avait un penchant pour la musique et la poésie. Et il a rapidement prouvé qu’il avait un don exceptionnel et incontesté pour le chant et la poésie.
Ses talents d’artiste furent découverts par le oudiste Marcel Lebratti (connu sous le nom Sassi Brati) et le pianiste Moïs Ammar, venus animer une soirée familiale à Bejaia. Sadek El Béjaoui sera plus tard encouragé à les rejoindre à Alger pour renforcer son apprentissage et enrichir son répertoire.
Sa voix de ténor, remarquablement travaillée, lui permet des interprétations périlleuses et des envolées lyriques rarement égalées, en particulier dans les répertoires classiques Maghrébin et le Hawzi.
Au début des années trente, l’école de Bejaia étant en souffrance, il décide d’aller à Alger pour parfaire ses connaissances. A cette époque, Sadek El Béjaoui jouait déjà de la guitare et de la kouitra.
A Alger, il rejoindra El Mossilia en 1933 et eut pour maître Si Mahieddine Lakhal et côtoya de brillants interprètes de l’époque, tels que Maalem Bouchara, assidu dans son travail de compilation et de recherche, Laho Serour et Mkhilef Bouchaâra.
Il se lia d’amitié avec Cheikh Lekhal qu’il accompagnait chaque dimanche à Blida où il donnait des cours à l’association El Widadia. Celle-ci comptait comme élèves Dahmane et Larbi Benachour, Hadj Medjbeur, Hadj El Mahfoud, Mohamed Benguergoura et Mohamed El Mahdi dit Quezzouh.
En 1934, lors d’un Séjours à Tlemcen, Sadek El Béjaoui rencontra Cheikh Hadj Larbi Ben Sari et sa carrière prend un nouveau tournant. Ce fut pour lui l’occasion d’acquérir un répertoire Hawzi plus affirmé et d’adopter un coup d’archet au violon alto caractéristique à celui de Cheikh Ben Sari. A Tlemcen, il côtoya également Cheikh Omar Bekhchi et son élève Abdelkrim Dali. Et à Oran, il fit connaissance avec Saoud l’Oranais, maître de la musique classique arabo-andalouse dans son café.
A l’époque, les cafés étaient des lieux souvent dédiés à la musique. On pouvait déguster un thé à la menthe ou un café préparé sur la braise et écouter de la musique citadine.
Mais c’est à Alger qu’il arrivera à maîtriser la nouba, d’ailleurs, on dit que c’est grâce à lui que cette dernière est arrivée à Bejaia.
En 1936, il rentrera à Bejaia et participera intensément à la vie culturelle et musicale de cette ville. Il créa plusieurs associations culturelles qui furent chaque fois dissoutes par l’autorité coloniale où nombre d’élèves furent initié à l’art musical. Il transforma son café en cercle culturel où se produisaient des artistes locaux Algériens et Maghrébins à longueur d’année.
Il fut aussi le digne ambassadeur de la musique classique Algérienne dans tous les pays du Maghreb et en Europe.
D’autre part, il dirigeait Radio Bejaia et fut son principal animateur et chef d’orchestre pendant les dernières années de l’époque coloniale. Cette période fut particulièrement féconde en pièces théâtrales radiophoniques et chansons kabyles, ainsi qu’en concerts de musique classique et châabi.
Il participa en 1938 au Festival de Musique Arabo-Andalouse de Fès, où il fut décoré par le Sultan du Maroc. Ce sera pour lui l’occasion de rencontrer certains maîtres marocains, tels que El Brihi et son élève Abdelkrim Raïs et Moulay Ahmed Loukili.
Et en mai 1949, lors du Festival de Musique Arabo-Andalouse en Tunisie, il fut décoré par le Bey de Tunis du « Nichan El Iftikhar ».
Moins d’une année après l’indépendance, Sadek El Béjaoui fonda le conservatoire de musique classique algérienne de Bejaia qui fut parmi les toutes premières écoles crées en Algérie. Il y formera de 1963 a 1986 de nombreuses générations de chanteurs et de musiciens interprètes, dont Youcef Abdjaoui, Abdelwahab Abdjawi, El Ghazi, Djamel Allam, Mohamed Raïs, M’hamed Rédouane, Kamel Stambouli, M’hemed Schbaiyem…
Il sut aussi ressusciter l’école d’Annaceria qui s’est perdue dans le labyrinthe de l’histoire et lui donner un cachet bien particulier.
Décédé en janvier 1995, Cheikh Sadek El Bejaoui a laissé en tout un patrimoine de 260 œuvres. on compte plusieurs nouba enregistrées à Radio Alger, ainsi que quelques Nqlabate, Nsrafate, et Qasâ`id dans le Hawzi et le R’hawi.
Parmi ses principales compositions, on peut citer dans le Djed : Ya Smaâ Leklam, Sellou Aâla Ennabi Sid Lessiyed, Medh Sidi Essoufi, Medh Sidi M’hemed Mokrane… Et dans le Hezl : El Hawa Ouel Houb, Win Ahli Win, Ya Qed El Mesrar, Mehla Del Aâchiya…
Ou encore Wahrane, Ana Dziri, Ksentina Tewsel Ya Hmem, Hada El Aâm, Ya Qelbi Esmaâ, Ya Elli T’hab Temlek, Ah Ya Khti, Tlemcen Ya El Bahia (Dialogue entre les deux cités séculaires Tlemcen et Bédjaia)…
Quelque temps avant sa mort, il avait remis aux représentants de l’Onda (Office national de diffusion artistique) un répertoire de qassidate classées patrimoine public.
L’orchestre du conservatoire municipal de Bejaia prendra le nom de Ahbab Cheikh Sadek El Bédjaoui. Aujourd’hui, on peut écouter ses œuvres dans un coffret qui réunit tout son répertoire, réalisé par le ministère de la Culture algérien.
Synthèse K.T.
Sources :
- https://cheikhsadek.skyrock.com/1010013346-biographie-de-Cheikh-Sadek-El-Bejaoui.html
- https://musique.arabe.over-blog.com/article-18726326.html
- Presse nationale