Juriste, sommité dans le droit international, haut fonctionnaire, diplomate et homme politique algérien, Mohamed Bejaoui a occupé des postes de grande importance, en Algérie et à l’étranger.
Mohamed Bedjaoui naît le 21 septembre 1929 à Sidi Bel-Abbès, au sein d’une famille très modeste. Son père était ouvrier cordonnier. Il ne l’a quasiment pas connu, puisqu’il avait à peine 4 ans lors de son décès, en 1933. Après ce drame, c’est son oncle maternel qui le prend en charge. Ce dernier vit dans le centre-ville de Tlemcen. Mais pour pouvoir aller à l’école, Mohamed doit travailler. Il se lève à l’aube, se rend aux halles de Tlemcen avec son oncle et en revient chargé de sacs de fruits et de légumes, afin de préparer l’étal, avant de se rendre en classe.
Son enfance se passe dans des conditions très difficiles et rien ni personne ne lui prédit l’avenir brillant qu’il aura.
Lors des massacres du 8 mai 1945 à l’Est de l’Algérie, Mohamed a 16 ans. C’est à cette époque qu’il comprend réellement le mode dans lequel il vit, celui d’un pays auquel on refuse l’existence. Il s’engage dans le mouvement national tout en poursuivant ses études au collège colonial de Slane, puis au lycée de Tlemcen. Il obtient son baccalauréat en 1948 et s’inscrit à l’université de Grenoble, en France, pour des études de droit. En 1951, il obtient sa licence et son Capa. Etudiant, il milite activement dans le Groupement des étudiants d’outre-mer (GEOM), pour l’indépendance de l’Algérie, de l’Indochine et de Madagascar.
A cause de son engagement politique, il est écarté du concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Paris, en 1953. Mohamed Bedjaoui ne se laisse pas faire, il poursuit en justice l’Etat français. Le Conseil d’Etat condamne l’administration française pour décision inique. L’arrêt « Barrel, Bedjaoui et autres » entre dans les annales du droit administratif et est désormais inscrit dans le programme de toutes les facultés de droit en France.
Peut de temps après, il rejoint la délégation extérieur du FLN et sillonne le monde pour représenter son pays. Et après la création du GPRA au Caire, il en devient le conseiller juridique. Il fera également partie de la délégation de négociation du FLN durant les pourparlers d »Evian et de Lugrin.
Après l’indépendance de l’Algérie, il est directeur de cabinet du président de l’Assemblée constituante, puis secrétaire général du gouvernement. En 1964, il est nommé ministre de la justice. En 1970, il est désigné comme ambassadeur à Paris. Il occupe ce poste durant 9 ans, et multiplie les publications d’ouvrages académiques, tout en étant le rapporteur spécial de la commission du droit international pour les problèmes de succession d’Etats.
En 1979, Mohamed Bedjaoui est nommé représentant permanent de l’Algérie auprès de l’ONU, à New York. Il est entre autre président du Groupe des 77, regroupant des Etats de l’hémisphère Sud.
En 1982, il est nommé juge à la Cour international de la justice, à La Haye et grimpe les échelons. En 1984, il devient président de chambre et au bout de dix ans, président de la cour.
En 1999, il revient en Algérie pour présider la Commission indépendante de surveillance des élections présidentielles. Et en 2002, il est nommé président du Conseil constitutionnel, poste qu’il occupe jusqu’en 2005, année où il est appelé à la fonction de ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, jusqu’en 2007.
Mohamed Béjaoui reçoit, durant son long et brillant parcours, de nombreuses distinctions. Il publie près de 300 articles sur le droit international public, le droit constitutionnel, le droit de l’arbitrage commercial international, les sciences politiques… ainsi qu’une dizaine d’ouvrage, dont « Non-alignement et droit international (La Haye, Académie de droit international, 1977) et « Pour un nouvel ordre économique international (Paris, Presse de l’Unesco, 1979).
Z.M.
Sources :
- https://www.conseil-constitutionnel.dz
- www.Jeuneafrique.com « Algérie. De Sidi Bel-Abbès à La Haye, un parcours exceptionnel » 29/05/2005
- « Auteurs algériens de la langue française de la période coloniale. Dictionnaire biographique », de Abdellali Merdaci. Ed. L’Harmattan, 2010.