Ô gens, quel est mon meilleur amour / Ô gens, quel est mon grand amour / Si vous me le demandez / De joie je vous répondrai / C’est mon pays l’Algérie, déclamait Ali Maâchi. C’est parce qu’il aimait son pays plus que tout, qu’il a été sauvagement assassiné par les forces coloniales.
Né le 12 août 1927, à “Rass Essouk”, un quartier populaire au nord de la ville de Tiaret, Ali Maâchi fait partie des Scouts Musulmans Algériens (SMA) dans sa jeunesse, ce qu’il lui vaut très tôt une conscience nationaliste.
Il est mobilisé en 1949 pour accomplir son service militaire à la base maritime de Bizerte, en Tunisie. Dans cette ville, ses rencontres avec de grands maîtres du chant, comme Kaddour Serrarfi, ainsi que ses nombreux déplacements dans les capitales arabes lui permettent de perfectionner ses connaissances sur le chant et la musique arabe.
Mais ce sont ses voyages en mer qui ont forgé le poète en devenir. Le bercement des vagues, la violence des tempêtes, l’immensité des océans, les mystères des abysses, en encore, la profondeur du ciel marin et les cris des mouettes aux abords des plages… autant d’éléments qui vont lui inspirer des vers aussi puissants et gracieux que « Angham El Djzaïr » (Mélodies de l’Algérie) et « Tahta sama’e El djazaïr » (sous le ciel de l’Algérie).
En 1953, alors qu’il revient à Tiaret, il crée une troupe musicale « Safir Ettarab » (ambassadeur de la chanson), composée principalement d’anciens musiciens de la section de scout de Tiaret, « El Andaloussia ».
Lors de différentes occasions, la troupe de Maâchi chante l’amour et l’éloignement, la joie, la vie, la mère et la mer, mais aussi, l’amour de la patrie, le sacrifice…
Parolier, compositeur, instrumentiste et interprète, Ali Maâchi conjugue la musique à tous les temps et avec beaucoup de talent. Et malgré une claire influence orientale, il donne tout de même un cachet « wahrani » à ses chansons, telles que « Ziarat Sidi Khaled » (la visite de Sidi Khaled) et « Hadak El-Youm Fil Achia » (Ce jour-là en soirée).
Après le 1er novembre 1954, Ali Maâchi et ses musiciens de la troupe « Safir Ettarab » déposent leurs instruments de musique et prennent les armes. Certains adhèrent aux cellules du FLN, pendant que d’autres rejoignent le maquis. La lutte pour l’indépendance a fait de plusieurs d’entre eux des martyrs. C’est ainsi que Ali Maâchi devient fidaï à Tiaret.
Le 8 Juin 1958 vers 17 h 20, alors qu’il avait été arrêté et torturé, le chanteur et deux autres camarades- Djilali Bensotra et Mohamed Djahlène- sont assassinés par le milicien de l’armée française, Camille Escourou, à l’entrée des pins, non loin de son quartier, selon la méthode dite « corvée de bois ».
Les bourreaux suspendent par les pieds les trois cadavres à un platane, sur la place Carnot (place des Martyrs actuellement). Ils seront ainsi exposés jusqu’au lendemain, sous le regard de la population forcée à assister au triste spectacle.
Z.M.
Sources :
- https://dzmusik.blogspot.com/2011/07/ali-maachi.html
- https://boudia2007.kazeo.com/l-artiste-chahid-ali-maachi,a3691470.html
- https://www.vinyculture.com/hommage-a-ali-maachi-execute-pour-avoir-revendiquer-son-algerianite/