Effacé de l’histoire officielle, son nom est très peu connu de la jeune génération, pourtant, il a tenu tête au zaïm Messali Hadj et critiqué publiquement Houari Boumediene. Hocine Lahouel est décédé le 8 avril 1995.
Né le 17 décembre 1917 à Skikda dans le Constantinois, Hocine Lahoual, jeune adolescent, a été marqué par la Guerre du Rif marocain (1923-1926), conduite par Abdelkrim El-Khattabi contre la coalition franco-espagnole, et par la célébration du Centenaire de l’occupation française de l’Algérie en 1930.
Deux événements majeurs qui ont éveillé sa conscience nationale. D’ailleurs, à l’âge de 13 ans, il reçoit une convocation au commissariat de police de Skikda à cause de «ses « idées subversives ». Un peu plus tard, alors qu’il est lycéen, il découvre la publication El Ouma qui illustre parfaitement ses sentiments par rapport à la colonisation. Lorsqu’il s’installe à Alger avec sa famille, Hocine commence à fréquenter des sympathisants de l’Etoile nord-africaine. A son initiative, un délégué se rend en France pour prendre contact avec la direction du Parti. De là, 14 sections de 2000 adhérents seront crées dans la capitale, Hocine en sera le coordinateur.
C’est ainsi que commence le parcours militant de ce personnage qui fut le premier permanent du Parti, cadre salarié, voué entièrement à l’activité militante.
A partir de 1937, Hocine Lahouel est arrêté à plusieurs reprises et séjournera en prison, entre autre avec Messali Hadj. La dernière condamnation intervient juste après les événements du 8 mai 1945, suite ç la découverte de ses manuscrits destinés à paraitre dans le journal clandestin du parti, L’Action algérienne. Le verdict : 20 ans de travaux forcés. Au tribunal, face au juge, Hocine rétorque : « Mr le Président, dit-il, je pense que d’ici là, la France sera partie ! ». Et il aura bien raison d’y croire.
Amnistié en avril 1946, il reprend son travail à la direction du PPA clandestin. Il est candidat du MTLD aux élections de la même année à Oran. Responsable de l’appareil du M.T.L.D, le comité d’organisation, puis secrétaire général de l’organisation à partir de 1950, il est l’un des principaux leaders de la tendance centralistes qui livre bataille contre Messali. Par ailleurs partisan d’un Congrès National Algérien contre l’avis des messalistes, il est l’un des organisateurs du congrès d’Alger en aout 1954, qui confirme la scission définitive du M.T.L.D.
Avant et après le déclenchement du 1er novembre 1954, il prend contact avec le FLN qu’il rejoint en janvier 1956. Il représente quelques temps l’organisation dans les pays musulmans d’Asie, puis se retire définitivement de la scène politique.
Après l’indépendance, à partir de 1965, il est président de la société nationale des textiles, puis de l’office des HLM en 1975.
En 1976, Hocine Lahouel se joint à Ferhat Abbas, Benyoucef Ben Khedda et Mohammed Kheïreddine pour signer un appel contre la politique de Houari Boumediene, «le pouvoir personnel qui nous a conduit progressivement à la même condition de sujets sans liberté et sans dignité. Cette subordination est une insulte à la nature même de l’homme et de l’Algérien en particulier. Elle est une atteinte à sa personnalité. Les quatre vétérans de la lutte de libération appellent les Algériens à lutter afin d’élire par le peuple, librement consulté, une Assemblée nationale constituante et souveraine. De mettre fin au système totalitaire actuel et élever des barrières légales contre toute velléité de ce genre. D’établir les libertés d’expression et de pensée pour lesquelles le peuple algérien a tant combattu. D’œuvrer pour un Maghreb uni, islamique et fraternel». Hocine verra son salaire suspendu.
Après octobre 1988, il est l’un des fondateurs du mouvement El Oumma qui reprend la proclamation du Premier novembre 1954 et propose de rassembler des anciens du FLN et des jeunes « dans le cadre des principes islamiques ». Le mouvement est contraint à la dissolution, suite à l’interdiction de se référer à la langue arabe et l’islam.
Hocine Lahouel décède le 8 avril 1995, dans la discrétion. Il sera inhumé à Skikda, sa ville natale, comme il le souhaitait de son vivant.
Zineb Merzouk