En 1490, les monarques catholiques on pris les villes importantes de Malaga, Marbella, Almeria, Guadix et Baza. Grenade est encerclée et le royaume de Boabdil, dernier des rois maures voit sa ville Alpujarras (Sierra Nevada), assiégée, et ses palais confisqués par les monarques Ferdinand et Isabelle.
Lorsque l’infortuné Boabdil comprit que Grenade était perdue, il entreprit par l’intermédiaire de son vizir, de secrètes négociations avec les nouveaux « propriétaires » de la ville. Une rencontre fut arrangée en ce sens, plus connue sous le nom de « Capitulation de Grenade », où Boabdil remet les clés de la cité en échange de se voir accorder les Alpujarras comme fief, et la promesse du respect envers les habitants musulmans de Grenade, par leurs nouveaux seigneurs chrétiens.
La nouvelle de la capitulation de Grenade s’est propagée comme une traînée de poudre, causant une grande agitation, qui a contraint Boabdil, Muhammed XII, dernier souverain nasride, à l’exil.
C’est cette scène de départ vers l’inconnu, que le peintre orientaliste Alfred Dehodencq a voulu immortaliser. Ferveur romantique pour l’Espagne, ce tableau, réalisé en 1869 illustre en effet le moment ou Boabdil, dernier des rois maures, se retourne pour la dernière fois sur l’Andalousie qu’il abandonne. Le tableau illustre un épisode historique, devenu une icône de la mélancolie, à l’image d’un passé à jamais enfui. Cet oeuvre exprime, la vogue hispanisante du XIX e siècle, au cœur même de la mode orientaliste survenue en Europe (après la campagne d’Egypte), par un déploiement de couleurs chaudes, une frappante minutie dans le drapé, ainsi qu’une mise en scène exagérée des expressions du visage.
Cette peinture, vient conforter la légende qui dit à propos de son départ : « alors qu’il s’exilait, il s’ arrêta pour jeter un dernier regard sur sa cité, et pleura ce qu’il avait perdu. Mais sa mère Aixa lui lança amèrement : « ne pleure pas comme une femme, pour ce que tu n’as su défendre comme un homme ». L’endroit où cet épisode eut lieu, sur la route de Grenade à Salobreña, est appelé aujourd’hui « Puerto del Suspiro del Moro », « Col du Soupir du Maure ». Récemment, cependant, on a supposé que cette histoire avait été inventée bien plus tard, et qu’en route pour les Alpujarras, Boabdil ne serait même jamais passé par là ».
Mira B.G
Sources :
- C. Peltre, les arts de l’Islam
- W.Irving, Contes de l’Alhambra, 1998
- Image : peinture A. Dehodencq, 1869