Aux XVIe et XVII e Siècles de nombreux corso-pirates européens, qui considéraient la Régence d’Alger, comme leur bonne fortune, se mirent ponctuellement sous sa bannière.
Parmi ces « Turcs de profession », un capitaine Flamand (Hollandais), qui en 1606, avait obtenu des lettres de marque de l’état de Zélande (Pays Bas) pour courir contre les espagnols, s’installa à Alger avec navire et équipage. Mais contrairement à la majorité des chrétiens, qui finirent par embrasser l’Islam, un acte qui les enveloppera du statut infâmant de « Renégat » par leurs anciens coreligionnaires, le Capitaine Simon SIMONSEN dit LE DANSEUR (ZYMEN DANSEKER, ou DANSA, ou DANZA ou encore DANSER), a refusé d’apostasier et de se convertit à la religion musulmane.
En trois années seulement à la tête d’une escadre d’Alger, il eut à son actif près d’une quarantaine de prises. Sa renommée fut telle que les algériens le surnommèrent «Dali* Qabtan » .Mais en 1609, après avoir obtenu le pardon de sa Majesté très chrétienne, notre forban sans scrupule, qui se plaît à poursuivre un idéal synonyme de profit, engagea ses services de sicaire, cette fois au profit de Marseille, où son épouse résidait.
Mais notre Capitaine Diable**, ne se contenta pas de changer pour la 3ème fois de protecteur, il emporta dans ses bagages, plus précisément dans sa soute, deux canons en bronze, que le Beylik lui avait prêtés pour l’armement de son vaisseau.
Si la félonie de LE DANSEUR, (mort en 1611) provoqua la colère d’Alger, l’inadmissible vol des pièces d’artillerie, considéré comme un acte de guerre, fut le mobile qui mit le feu aux poudres, entre Alger et Marseille.
Le refus de LE DANSEUR, puis du Gouverneur de la Provence de restituer ces pièces, fera naître un casus belli, qui déclenchera les hostilités entre la Régence d’Alger et la France, pendant vingt ans, entre dans l’histoire, sous le nom de « La guerre des deux canons ».
Farid Ghili
* Dali signifie « fou » mais dans ce contexte le terme «téméraire » parait plus approprié.
* * Le Capitaine Diable, d’après le Père Dan (Histoire de Barbarie, p. 274), mais dans ce contexte
Image à la une : Navire français attaqué par deux galiotes barbaresques vers 1615