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Conte – Zahrat echiffa – La rose qui guérit

Une femme avait deux enfants, tous deux très intelligents, courageux et toujours prêts à rendre service. La fille était bien jolie. Le garçon était aimé de tous. Un jour, leur mère tomba gravement malade et les fit venir à son chevet pour leur dire :

« Mes enfants ! Je sens mes forces me quitter. Je crois que je vais mourir ! »

« Ah ! Mère, que pouvons-nous faire pour te guérir ? »

-« Ne pleurez pas, mes enfants, il y a un moyen pour me rendre la santé.  Au sud du pays, dans le  grand désert, se trouve un château et dans ce château fleurit une rose qui guérit. Celui ou celle qui cueille cette fleur ne doit plus jamais craindre ni la mort ni la maladie et ceci est valable pour lui et pour les siens. Je ne sais pas si vous pourrez la trouver. »

Les enfants décidèrent sur le champ de trouver la rose qui guérit et partirent vers le sud Ils marchèrent,  marchèrent et marchèrent encore. Fatigués, ils s’assirent au pied d’un grand arbre pour manger et reprendre des forces. Ils sortirent de leur besace, les provisions qu’ils avaient emportées pour un long voyage. Ils mangeaient lorsqu’ils  aperçurent une veille femme qui les regardait avec envie. La fille qui était la gentillesse même, proposa à la vieille de partager leur repas.

-« Ce n’est pas de refus , dit la femme. Cela fait trois jours que je n’ai rien mangé. »

Le repas terminé, la vieille se leva :

-« Je n’ai jamais fait un aussi bon repas et je tiens à vous en remercier. Tenez, prenez ce sifflet. Lorsque vous sifflerez une fois, vos ennemis se retrouveront figés sur place. Lorsque vous sifflerez deux fois, les gens se lèveront et danserons tant que vous le voudrez et si vous sifflez trois fois, une table garnis de mets les plus fins sera dressée pour vous. »

La nuit venue, le garçon grimpa à un de ces vieux arbres de la savane et découvrit à l’horizon, une lueur. Les enfants se dirigèrent alors, vers cette lumière et arrivèrent bientôt à proximité d’une cabane. Lorsqu’ils en ouvrirent la porte, ils trouvèrent une famille nombreuse assise autour d’une table. Le père se leva et leur dit :

-« Si vous vous contentez de notre humble demeure et de notre modeste repas, vous êtes les bienvenus. »

Il installa les enfants à la meilleure place. Le garçon siffla trois fois dans son sifflet et la table se couvrit de plats succulents, servis dans de la vaisselle d’argent. Tout le monde mangea à satiété en remerciant Dieu par une fervente prière.

Le lendemain matin, au moment de prendre congé, les deux enfants demandèrent au vieil homme  de leur indiquer le chemin qui mène au château   où pousse une rose qui guérit (Zahrat echiffa ).

-« J’ai entendu parler de ce château, dit l’homme. Un prince et une princesse y sont endormis. Ils ont été enfermés dans une tour par un magicien, il y a déjà bien longtemps. Vous ne pourrez cueillir la rose qui guérit qu’en les réveillant car ils sont les seuls à connaitre l’endroit ou la fleur se trouve. Je crains cependant qu’il ne soit impossible d’arriver jusqu’au château car vous devez traverser un domaine gardé par des géants. Si vous arrivez à les vaincre, vous vous trouverez aux portes du château avec un gardien pas commode. C’est lui qui possède la clé en or qui ouvre les portes des appartements des princes. Le gardien ne laisse plus sortir ceux qui y entrent  et il les garde prisonniers jusqu’à la fin de leur vie. Les gens de la région connaissent l’histoire étrange du château et jamais ils ne s’y risqueraient. »

Fort de ses informations, les enfants remercièrent l’homme de l’acceuil et se mirent en route en direction du  grand sud, là où s’étend une vaste mer de sable. Ils marchèrent pendant plusieurs jours et arrivèrent à l’orée d’une palmeraie. Ils avaient à peine fait quelques pas entre les palmiers qu’ils entendirent une vois plus forte qu’un grondement de tonnerre. Elle semblait provenir du haut des arbres. En levant la tête, les enfants aperçurent  un géant plus haut que le plus haut des palmiers. Il tenait à la main une énorme massue.

-« Qui vous a permis d’entrer dans ces lieux ? dit le géant. »

Le garçon sortit son sifflet et siffla une fois. Le géant se trouva pétrifié, le bras levé. Il geignit et cria tant et si bien que ses frères ne tardèrent pas à arriver à son secours. Le garçon siffla une nouvelle fois et tous les géants s’immobilisèrent et devinrent des statues de marbre. Les enfants traversèrent l’oasis sans difficulté et arrivèrent aux portes d’un immense ksar. Il frappèrent et un petit homme tout rabougri, vient leur ouvrir

-« Que voulez-vous, demanda la créature ? »

-« Nous voulons entrer dans le château de la rose qui guérit, dirent les enfants. »

-« Ah ! Ah ! Ah ! Ricana le gnome. »

Le petit homme au teint verdâtre se retira pour laisser passer les enfants.

« Mais entrez donc,  leur dit-ils sur un ton doucereux. »

Dès qu’ils furent à l’intérieur, la lourde porte se referma avec fracas et les deux enfants se regardèrent, effrayés.

-« Avancez, leur ordonna l’homme au masque de cire. »

Ils traversèrent de nombreux couloirs, sinueux puis pénétrèrent dans une salle immense au plafond en arcade décorées. D’innombrables chandeliers éclairaient le lieu.

-« Je suis le seigneur de ce château. Il faut que vous sachiez que ceux qui pénètrent ici, n’en ressortent jamais plus. Vous serez désormais mes esclaves et vous me servirez. »

Les enfants acquiescèrent tout en ne quittant pas des yeux la clé en or suspendue au mur. Le sorcier, car c’était un sorcier, se rendit compte de l’intérêt que les enfants portaient à la clé et les avertit :

-« C’est la clé qui ouvre les appartements où se trouve la rose qui guérit. Si l’un de vous deux, touche à cette clé, vous serez puni de mort. »

Lorsque le soir vint, de nombreux esclaves servirent le sorcier. Mais ce dernier préféra être servi par les enfants.

-« Versez-moi à boire et désossez ma viande. J’exige que vous obéissiez à tous mes ordres. A la moindre désobéissance, je vous tue. »

Les enfants s’exécutèrent mais ne perdirent pas de vue la clé en or. Dès que le maitre des leiux commença à manger, le garçon sortit son sifflet et siffla une seule fois. L’homme se pétrifia aussitôt, le bras à hauteur de sa bouche, une cuisse de poulet à la main. Il se mit à hurler mais personne ne vint à son secours : tous les esclaves étaient transformés en statut. Il vociférait :

-« Maudits enfants, vous aurez le plus terrible des châtiments. »

Le garçon siffla deux fois et le magicien se mit alors à gesticuler dans tous les sens, exécutant une étrange danse, en mangeant voracement. Les esclaves firent autant. Subtilement il sauta très haut et retomba inanimé.

Les enfants délivrèrent tous les esclaves. Ils prirent la clé et ouvrirent la porte des appartements qui menait à la rose qui guérit . Ils furent émerveillés par la beauté des lieux. Les pièces dans lesquelles ils pénétrèrent, étaient décorées d’objets fabuleux, de meubles et de tapis rares. Dans la toute dernière salle, ils trouvèrent un jeune homme et une jeune fille endormis sur des lits en or. Chose curieuse, ils ressemblaient étrangement au xvisiteurs. Ils étaient tous deux très beaux. Il essayèrent de les réveiller sans succès. La fille suggéra à son frère d’utiliser le sifflet. Deux coup de sifflet, réveillèrent le prince et la princesse qui se mirent à exécuter une gracieuse danse.

Les enfants leur racontèrent l’histoire de leur présence au château et  les princes firent autant en leur apprenant que le méchant magicien avait tué leur père et les tenaient prisonniers dans le château après les avoirs endormis.

-« Il voulait que nous lui révélions l’endroit où se trouvait la rose qui guérit, dit le prince. »

-« Ne craignez rien ! leur dit le garçon, il ne peut plus vous faire de mal à présent. »

C’est alors qu’une chose extraordinaire se passa. La jeune princesse prit la main du garçon et aussitôt entre ses doigts, une rose d’une beauté exceptionnelle se mit à pousser.

-« Vous nous avez délivrés et vous avez sauvé nos vies, dirent les princes, cette rose est pour vous. Nous sommes certains que vous en ferez bon usage. »

Les enfants n’avaient jamais rien vu d’aussi beau. Ils pensèrent alors à leur mère malade qui attendait le miraculeux remède. Ils quittèrent le château et rentrèrent au village. La mère guérit dès qu’elle vit la rose. Elle retrouva sa santé et sa jeunesse. La fille épousa le prince et le garçon fit de la princesse son épouse. Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants.

La vieille mendiante qui avait partagé leur premier repas de voyage, n’était autre que la reine  qui était à la recherche de ses enfants. Un sage lui avait donné le pouvoir de se transformer en mendiante et lui avait prédit de rencontrer les deux enfants à la recherche de la rose, seuls capable de retrouver les princes prisonniers du maléfice du terrible magicien.

Source : Conte du terroir Algérien – Editions Dalimen

Illustration : © Disney

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