Philosophe, métaphysicien, poète, recordmen du monde de plongée en apnée en 1956 à Paris, footballeur, acteur, Mohamed Brahimi, baptisé Himoud par sa nourrice M’barka, surnommé Momo par ses admiratrices françaises, n’arrête pas de nous alimenter par sa pensée.
Sa popularité de poète, d’acteur et/ou de comédien est indéniable sur la place d’Alger, mais le polémiste avéré Himoud Brahimi a passé toute sa vie à prôner le rapprochement entre les peuples, le dialogue inter-religieux tout en étant antisioniste et contre l’occupation coloniale. Ce musulman soufi s’est intéressé au christianisme, au judaïsme et même à l’hindouisme, révélant une philosophie inhérente à l’amour intégral et à la connaissance par la lumière : « J’ai appris que la valeur de l’homme ne réside pas dans ce qu’il peut imaginer et créer pour le monde des sens ; mais de favoriser l’infiltration de la lumière dans ce qu’il y a encore d’inconnu en lui, pour agrandir la connaissance de l’infini qu’il véhicule ».
Personnage complexe aux multiples facettes, son parcours sera dominé par son rapport aux sciences de la métaphysique, publiant, entre autres, L’identité suprême (1958), un manifeste sur la théologie et la philosophie.
El Bahdja!!
Pour l’écrivain Amar Belkhodja, « le meilleur hommage qu’on pouvait rendre au compagnon d’art de Mohamed Zinet était d’éditer la poésie « himoudienne » dont la force n’est pas uniquement littéraire mais également spirituelle ». Qualifié de poète « béni » par cet auteur, Momo – il est vrai – a marqué les esprits par ces vers et surtout par son texte Mienne Casbah. L’amour qu’il lui porte – et par extrapolation à tout son pays – fera de lui un fervent défenseur de sa chère cité où il est né (18 mars 1918), un co-fondateur de l’association Les amis d’Alger (devenue plus tard, la Fondation Casbah) mais pas que. Son poème Lik ya Zinet (06 janvier 1970) servira selon Momo, lui-même, « à réunir tous les éléments utiles à la réalisation du film Tahia ya Didou, Alger insolite ». Et c’est avec juste raison que sa fille Saliha a titré son livre, coécrit avec Djamel Azzi, Tahia ya Momo. Les deux poètes ont offert une fresque, non pas par nostalgie sur Alger El Bahdja, mais pour affirmer une appartenance à une identité.
La Casbah n’est pas, pourtant, la seule demeure de Momo et son pays n’est pas la seule patrie. Cet humaniste convivial sans limites a toujours prôné l’amour de son prochain, quel que soit le pays et sa culture, mais proclamant sa cité comme une « conscience endormie d’une civilisation » dans la Méditerranée, une référence à la mémoire historique et culturelle de l’Algérie et un lien immuable entre le passé et le présent. Il a mené ce combat jusqu’à sa mort, le 30 juin 1997 à Alger. Il aura vécu insoumis, épris de liberté et de dignité. Et sa pensée n’aura de cesse de nous interpeller.
Mohamed Redouane
Sources
- Momo le poète béni de Amar Belkhodja (Ibriz, 2012).
- Himoud Brahimi (Momo), Qui suis-je ? Amour de lumière (éditions Rafar, Alger 2014).
- Tahia ya Momo de Çaliha Brahimi et Djamel Azzi (édité à compte d’auteur, 2006).
- Presse d’Algérie.