UNE VILLE, UNE HISTOIRE : Blida, la ville des roses

Blida surnommée « La Ville des Roses », est une commune de la wilaya de Blida, dont elle est le chef-lieu, en Algérie. Le mot Blida vient de l’arabe classique boulayda qui signifie petite ville ou petite contrée, qui est le diminutif de Bilad (pays, contrée), il devient en arabe dialectal Blida, ce terme est employé durant la colonisation française. La ville est également surnommée Ourida (petite rose).

La ville de Blida est fondée au XVIe siècle par le marabout Sidi Ahmed el Kabir avec la participation de musulmans andalous qui s’installent à Ourida (premier nom de Blida) et transforment alors les terres incultivables en vergers grâce aux plantations d’orangers et l’art de l’irrigation. Ils apportent également à la région, l’art de la broderie sur cuir. La légende locale attribue à Sid Ahmed Ben Youcef surnommé el Kebir des origines andalouses, mais il est originaire du Sahara occidental. À la demande de Barberousse qui a fourni les finances nécessaires des caisses de la régence d’Alger, il créa le noyau de la ville de Blida pour accueillir des réfugiés andalous. Selon la tradition orale, il s’écria en contemplant la ville : « On t’appelle El-Blida (petite ville), je t’appelle El-Ourida (« la petite rose ») ». Sous la domination ottomane, la ville s’agrandit, elle devient un lieu de repos et de prédilection des souverains turcs d’Alger. Les Ottomans bâtissent des portes monumentales (Bab) à chacune des entrées, Bab el Dzair, Bab el Rahba, Bab el Sebt, Bab el Zaouia, Bab el Kseb, Bab el Kebor et Bab el Kouikha, ces portes n’existent plus de nos jours. Ville de beauté ; la ville était également menacée, car soumise à des tremblements de terre répétés. En 1817, une épidémie de peste a fait 70 à 100 morts par jour durant un an. En mars 1825, un tremblement de terre détruit la ville qui cause également la mort d’une partie de ses habitants. La population s’est réfugiée à Montpensier, qui était alors au nord de Blida. L’agha Yaya fit reconstruire la ville plus au nord. Les troupes françaises occupent Blida en 1839, neuf ans après la conquête de l’Algérie de 1830 et après de nombreuses tentatives d’occupation. Ils bâtissent de grandes casernes militaires, ce qui explique que Blida est devenue une ville garnison de l’armée française pendant toute la durée de la colonisation française. Sa population est de 61 600 en 1950. C’était la seconde ville du département d’Alger. Détruite par le séisme de 1825, Blida a été reconstruite par les Français selon un plan d’urbanisation moderne (rues à angle droit et maisons basses). Aux portes de la ville, trois villages de colonisation sont créés : Joinville et Montpensier en 1843 et Dalmatie en 1844. En 1848, elle est érigée en municipalité. Après l’indépendance, Blida, ancienne sous-préfecture du département français d’Alger, devient chef-lieu de wilaya en 1974. Elle devient en quelque sorte la capitale de la Mitidja. Toutefois, en raison de sa proximité avec l’agglomération algéroise, Blida sert d’un doublet à Alger ; elle accueille des fonctions et équipements qui ne trouvent plus place dans la capitale. Elle abrite une Université, un centre national de maintenance de la Sonatrach, des zones d’habitat nouvelles destinées à absorber la population attirée par la capitale. L’intensité des liaisons quotidiennes entre les deux villes traduit ce rôle de doublet. Après l’indépendance, la ville a connu un exode rural important. Elle passe de la 9e ville du pays par la taille en 1954, au 5e rang en 1977, 6e en 1987 et 5e en 2008. Cette progression démographique s’est accompagnée par des problèmes de logement, malgré les programmes de grands ensembles réalisés par l’État. La poussée urbaine a provoqué l’intégration dans le tissu urbain des vieux noyaux des villages de colonisation et le développement des habitats illicites. Ville d’art et de traditions, Blida a su garder un cachet spécifique pour la musique andalouse. Blida a préservé plusieurs métiers traditionnels à l’instar de la distillation de l’eau de rose, la broderie sur tissu et le travail du cuivre. La ville est également connue pour la confection des gâteaux algériens. La période ottomane a marqué de son empreinte la population locale. Parmi les spécialités héritées des Turcs : Tcharak, Baklawa et Ktaif. Les gâteaux de Blida se distinguent également par leur forme artistique, la ville a connu la multiplication des commerces de pâtisserie. Le premier noyau urbain a été doté d’une mosquée implantée sur l’actuelle place du 1er Novembre. Cet édifice religieux a été transformé en caserne, puis en hôpital, en église et enfin en école, avant d’être rasée pour devenir la place d’armes. Deux autres établissements, un four et un hammam ont été bâtie par une main d’œuvre recrutée auprès des réfugiés d’Andalousie venus d’Oliva. Le tombeau de Sidi Ahmed El Kebir, situé dans le cimetière proche de la vallée de l’oued El Kébir à 3 km au sud de la ville, dans lequel sont enterrés le patron de Blida ainsi que ses deux fils. Parmi les quatre mosquées dont disposait la ville avant la colonisation française, l’une est convertie au culte catholique, une transformée en caserne, les deux autres laissées aux Musulmans. Les mosquées Ben Sâadoun (achevée à la fin du XIXe siècle) et Torki Hanafi (érigée en 1750), construites par les Turcs. La mosquée de Baba Mohamed qui se trouvait à l’entrée de Bab Dzair, fut transformée en une caserne militaire pour leur escadron. Le quartier El Djoun ou douirette, est le plus vieux quartier de Blida, la plupart de ses demeures sont construites dans un style mauresque.

Source : Paru sur le quotidien Réflexion le 9 Octobre 2017
https://www.reflexiondz.net/UNE-VILLE-UNE-HISTOIRE-Blida-la-ville-des-roses_a48916.html

Image : Place D’armes (ettout ) carte postale en 1963  – http://blidah.populus.org/rub/23

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