Les Djwadjla et le commerce du pain, à l’époque Ottomane

Pendant des siècles et jusqu’à quelques années encore, la plupart des boulangeries d’Alger étaient aux mains des Djwadjla (originaires de Jijel).

MAIS D’OÙ PROVIENT CE QUASI MONOPOLE DU COMMERCE DU PAIN ?

Pour trouver réponse à ce questionnement, il faut remonter au début du XVIe siècle, plus précisément à l’avènement des frères Barberousse à Alger. Alger et Salim Toumi son Cheikh, étaient dans le pétrin, depuis 1510, année où Le comte Pedro Navarro, construisit une forteresse appelée Penon, sur l’îlot central faisant face à la petite médina.
La ville était désormais à portée de mousquet et canons de la forteresse, qui tenait la population algéroise en respect et l’obligeait à payer un tribut annuel. Ne supportant plus cette humiliation, les grandes familles d’Alger décidèrent de faire appel à Aroudj, un célèbre corsaire musulman, installé à Jijel, depuis 1514, après avoir chassé les génois. Aroudj accompagné de ses fidèles affidés jijeliens, répondit avec empressement à cet appel à l’aide. Mais toutes ses tentatives de chasser les Espagnols du Pegnon, furent des échecs. Découragé et sans doute vexé par ces déconvenues, l’idée de se rendre maitre de cette petite Medina et de ses possessions, commença à fermenter. C’est ainsi que faisant peu cas des lois de l’hospitalité, il mena à la baguette la population d’Alger et enleva définitivement à Salim Toumi, le gout du pain, en le faisant égorger dans son bain.

Mais ce sera son frère Kheirredine, qui après avoir repris Alger au Roi de Koukou, en 1529, s’empara enfin, de la forteresse et chasse les Espagnols d’Alger. Pour remercier les Djwadjla de leur fidélité et loyauté, notamment pendant l’adversité, Kheirredine leur octroya le monopole de la fabrication et la distribution du pain, pour les institutions ottomanes*, (entre autre l’odjak), ainsi que d’autres privilèges, dignes d’un makhzen supérieur, tels que le port d’armes et l’exonération d’impôts. Du pain béni, en somme, pour les Jijeliens, qui surent se montrer dignes de cette confiance. Cette tradition de Maitre du pain à Alger, se perpétua jusqu’à ces dernières décennies, avec de grands noms de la boulangerie, qui étaient tous, originaires de la région de Jijel.

Farid GHILI.

Histoire et Patrimoine de l ‘Algérie.

*La vente du pain au détail était, quant à elle, dévolue aux mozabites.

Image : scène de vie – Miniature Mohamed Racim

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