Juin 1962, alors que les luttes fratricides pour le pouvoir étaient bien entamées, le congrès de Tripoli adopte le principe d’une Assemblée nationale constituante, dont les 196 candidats doivent être désignés par le FLN. Ce dernier, désormais contrôlé par Ahmed Ben Bella, réunis ainsi tous les pouvoirs.
Ben Bella, soutenu par l’Etat-major de l’armée veut avoir un droit de regard sur l’élaboration de la première Constitution de l’Algérie indépendante. A la fin du mois de juillet 1963, il réunit 300 délégués du FLN au Majestic pour l’élaborer puis la faire adopter. Le texte est, par la suite soumis à l’Assemblée qui l’entérine sans surprise le 28 août. La Constitution est également adoptée par voie référendaire le 8 septembre de la même année.
Et le 11 septembre 1963, l’appareil du FLN toujours réuni au Majestic, désigne Ahmed Ben Bella candidat unique à la présidentielle. Quatre jours plus tard, soit le 15 septembre, il devient officiellement le premier président de l’Algérie indépendante.
C’est ainsi que le régime a pris le chemin du parti unique, puis de la pensée unique jusqu’à la fin des années 80.
Ben Bella choisit de construire un socialisme à l’algérienne et soutient tous les mouvements de libérations dans le monde. Aussi, il entreprend rapidement une politique d’arabisation de l’enseignement, notamment en faisant appel à des enseignants égyptiens.
Mais malgré sa stratégie pour concentrer tous les pouvoirs autour de sa personne (notamment plusieurs ministères) et menant une politique répressive contre ses opposants, il ne durera pas longtemps à la tête du pays. Le 19 juin 1965, il est renversé par son ministre de la défense, le colonel Houari Boumedien. Après ce coup d’état, il est emprisonné jusqu’en 1979, puis assigné à résidence jusqu’en 1980. Libéré, il s’établi en Suisse d’où il dénonce le système du parti unique et donc cette même pensée unique qu’il avait instauré quelques années auparavant. C’est à cette époque qu’il se rapproche de Hocine Ait Ahmed et qu’il crée son Mouvement pour la démocratie en Algérie.
Ben Bella ne rentre en Algérie qu’au début des années 90. Méconnu de la jeune génération, son discours ne porte plus. Il se retire de la scène politique mais pas de la vie publique. Réhabilité par Bouteflika dans les années 2000, il décédera le mercredi 11 avril 2012 à Alger. Il est enterré au cimetière d’El Alia, au Carré des Martyrs, aux côtés de Houari Boumedien et de l’Emir Abdelkader.
Z.M.
Sources :
- https://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2012/04/16/24028670.html
- Jeune Afrique (« L’Algérie et la fièvre constitutionnelle », « Algérie : Ben Bella, l’homme, le mythe et l’histoire », « Ahmed Ben Bella : des origines modestes »)
- El Watan (dossier « Comment on devient chef d’Etat en Algérie », par Mustapha Benfodil, publié le 13.07.2013)