Intitulé « De Gaule guillotine les patriotes algériens », l’article souligne comment « Le peuple français peut se voiler la face et feindre d’ignorer les assassinats et tortures, les horreurs de la guerre ou de la répression menées en son nom », convaincu qu’il n’est pas utile de s’émouvoir ou d’agir contre ces pratiques liées à la guerre, une fatalité contre laquelle on ne peut que croiser les bras et, surtout, détourner le regard.
S’en suit un appel lancé par la Fédération de France du FLN débute ainsi : « Peuple de France ! De Gaulle continue de faire monter sur l’échafaud les patriotes algériens. Rien qu’en France, huit membres de nos de nos groupes armés ont eu la tête tranchée depuis les entretiens de Melun. Au moment même où De Gaulle nous demande de « laisser le couteau au vestiaire », il manie sans discontinuer le couperet de sa guillotine ».
Citant des noms de militants guillotinés, l’appel poursuit sur la même lancée pour comparer la réaction des gouvernants français à celle des forces d’occupation allemandes en France durant la seconde guerre mondiale. De Gaulle qui accepte et endosse la responsabilité de guillotiner des fidaïyine considérant qu’ils ne peuvent avoir le statut de combattants, s’élevait contre l’exécution des combattants des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) par les forces d’occupation allemandes alors que, selon lui, ces FFI répondaient aux conditions générales fixées par le règlement annexé à la Convention de La Haye, du 18 octobre 1907 concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre.
L’appel raconte en détails les réactions et les agissements du gouvernement provisoire de De Gaulle. Et poursuit : «Peuple français ! On juge, on condamne, on guillotine en ton nom des hommes dont l’action n’est en rien différente de celle des résistants français exécutés par l’occupant allemand, hier Von Rundstedt fusillait les prisonniers français, aujourd’hui De Gaulle guillotine les patriotes algériens. Hier les nazis fusillaient les prisonniers français au Fort Montluc, aujourd’hui De Gaulle guillotine les Algériens au même Fort Montluc (…) Hier, De Gaulle dénonçait Von Rundstedt, aujourd’hui, De Gaulle s’identifie à Von Rundstedt ».
Et à la fin : «Peuple français ! Demain le peuple algérien ne pourra pas accepter de toi l’excuse de l’ignorance »
L’article poursuit avec la dernière lettre écrite par un fidaï avant son exécution, il s’agit de Abderrahman Lakhlifi, guillotiné le 30 juillet 1960 à Fort Montluc (Lyon) :
« Mon cher père, je meurs pour ma patrie, je ne suis pas un traitre, je meurs comme tant de mes frères. Chers parents, je vous demande pardon pour la peine que je vous fais. Mais j’ai vécu pour mon peuple, je ne suis ni un voleur, ni un malfaiteur. J’ai œuvré pour l’indépendance de mon pays. Je suis sûr en mourant que ma patrie vivra indépendante et libre. Je vous embrasse, à tous de toute mon affection. »
L’article s’achève sur une autre liste de patriotes exécutés en Algérie, sur ordre de De Gaulle qui a rejeté leur pourvoi.
Z.M.
Sources :
- El Moudjahid du 14 octobre 1960, N° 71