Le 10 mars 1959, le général Jacques Massu, qui a exercé la fonction de préfet d’Alger, puis celle de commandant le corps d’armée d’Alger pendant la « bataille » d’Alger, édicte une « directive générale sur la guerre subversive » qui codifie les façons d’interroger les suspects.
Traitant des « techniques de l’interrogatoire », le texte de Massu précise que « la persuasion doit être utilisée au maximum » mais qu’ « il y a lieu d’appliquer les méthodes de coercition lorsqu’elle ne suffit pas ». Une directive « particulière » détaille « le sens et les limites » de telles méthodes.
Le texte de cette directive ne figure pas dans les documents rendus publics. Selon un article paru dans Le Monde en 1995 sous le titre « Des documents inédits sur la guerre d’Algérie », le numéro 200 (septembre 1995) de la revue historique des armées publie la « directive générale sur la guerre subversive », signée du général Jacques Massu, le 10 mars 1959 à Alger.
Tirées des archives du service historique de l’armée de terre, la directive est accompagnée de trois annexes : « La technique policière », « La technique militaire » et « La technique psychologique ».
Cependant, il manquerait une autre directive particulière dont il est fait explicitement état dans la première annexe, concernerait l’usage de « méthodes de coercition » autrement dit la torture dans la façon d’interroger des suspects.
L’article du Monde précise que cette directive générale n’est pas archivée, la rédaction en chef de la revue affirmant qu’il ne serait pas non plus communicable.
En 1971, le général Jacques Massu publiait ses Mémoires intitulés La Vraie Bataille d’Alger où il affirme qu’ « on [lui] avait demandé d’aller vite » et qu’ « il fallait secouer un peu les gens pour avoir du renseignement » puisque le pouvoir politique entendait lutter contre l’escalade de la violence aveugle.
En 1962, l’historien Pierre Vidal-Naquet publiait, dans La Raison d’Etat, une note de service du général Massu, diffusée le 19 mars 1957, où on peut lire : « On ne peut lutter contre la » guerre révolutionnaire et subversive « menée par le communisme international et ses intermédiaires avec les procédés classiques de combat, mais bien également par les méthodes d’action clandestines et contre-révolutionnaires. La condition sine qua non de notre action en Algérie est que ces méthodes soient admises, en nos âmes et consciences, comme nécessaires et moralement valables. »
En effet, selon plusieurs historiens, la torture, pratiquée dès 1945, se généralise peu à peu à partir du déclenchement du 1er novembre, pour être systématique durant la « bataille d’Alger ».
L’armée, avec pour argument la nécessité d’avoir du renseignement sur des attentats en préparation et pour épargner des victimes potentielles, pratique la torture, pudiquement dénommée « méthodes de coercition », et la « corvée de bois », c’est-à-dire des exécutions sommaires. Puis, en 1957, les interrogatoires en usage deviennent plus musclés et organisés. On peut même relever une certaine concurrence entre les unités de l’armée pour faire du résultat en usant de ces méthodes.
Synthèse Zineb Merzouk
Sources :
- « Des documents inédits sur la guerre d’Algérie », in le Monde du 25 octobre 1995
- https://ldh-toulon.ne
- https://www.algeria-watch.org
- https://www.cairn.info
1 Comment
merci a toute l’équipe de BAB ZEMAN je suis très touché par votre volonté et votre patriotisme vous communiquez des articles merveilleux sur notre guerre de libération Dieu vous le rendra car j’ai l’impression qu’il ya un vide autour de l’histoire héroïque de notre pays. je dirais d’abord vive l’unité du pays les algériens et algériennes sauront discerner les choses en choisissant d’abord l’unité nationale le moment venu
pour notre grand pays si chèrement acquit vive l’Algérie et gloire a nos martyrs.