Repères autour du plan de sauvegarde de la Casbah d’Alger – Partie 4 –

Même si il représente sur papier une issue salvatrice pour la Casbah d’Alger qui a cerné autant que possible les axes majeur de la réhabilitation de la cité et les besoins des habitants  en proposant même un projet de société pour le devenir de la Casbah qui devrait être un produit culturel comportant l’humain en son noyau,  le plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d’Alger souffre malgré les moyens colossaux qui y ont été mis par les pouvoirs publics de blocages à plusieurs niveaux.

En premier lieu ce plan budgétisé à hauteur de 90 milliard de dinars sur dix ans dont 23 ont déjà été débloqués, bute sur la contrainte du relogement et ou du déplacement provisoire de la population de la Casbah qui dépasse les 50 000 habitants  puisqu’en dehors de quelques familles relogées suite au dernier séisme du mois d’aout 2014, les occupants de la cité ne bénéficient pas de programme de relogement.

Vu la non disponibilité des logements au niveau de la wilaya d’Alger, les travaux de restauration des maisons ne peuvent démarrer sans l’évacuation des habitants faisant que parfois les travaux d’urgence se font alors que les familles sont toujours sur place.

En même temps pour ouvrir droit à un logement en tant qu’habitant de la Casbah, qu’il soit définitif ou temporaire, il faut d’abord justifier de la propriété de son bien et d’un document notarié clarifiant la situation vis-à-vis des héritiers ce qui est très rarement réalisable dans cette cité où presque personne ne possède d’actes de propriété, où les locataires sont très nombreux et les propriétaires parfois inconnus.

Concernant l’occupation des lieux, le squatte pose également un sérieux problème aux pouvoirs publics qui ont du mal à évacuer des bâtisses pour intervenir avant que de nouveaux squatteurs ne s’y installe, en même temps toutes les médinas du pays de par leurs vétusté ont toujours attiré les squatteurs en vue d’être relogés, une meilleure surveillance des quartiers de la Casbah est maintenant nécessaire.

S’il est vrai que cet élément bloque l’application du  plan de sauvegarde, il ne s’applique cependant pas sur les dizaines d’assiettes de terrains vides laissés par l’effondrement de maison qui peuvent être reconstruite à tout moment.

Les entreprises qualifiées pour ce genre de travaux de très grande envergure qui devraient justifier une expérience solide dans ce domaine au préalable ou se faire accompagner d’experts étrangers en la matière font cruellement défaut, malgré la multitude d’entreprises présentées par le maître de l’ouvrage le résultat constaté dans quelques douirates ayant été conforté ou partiellement restaurées prouve le manque de savoir faire des intervenants.

La restauration de ce genre d’édifices nécessite incontestablement l’intervention d’architectes spécialisés (très rare en Algérie), des ingénieurs en génie civile à même de sécuriser la bâtisse, des artisans pour reproduire les matériaux d’origine (briques et enduits de terre, colonnes, faïence, carrelage, marbre et boiseries) en plus de la consultation d’historiens et d’images d’archives.

Aussi mettre en place une opération qui nécessite un aussi grand travail intersectoriel semble très difficile à coordonner vu le nombre d’entreprises et d’institutions qu’il implique.

Mohamed Rafik

 

 

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