Le grand jour est arrivé
La Machta commence alors la séance de mise en valeur de la jeune fille, en la coiffant de plusieurs fines tresses ornées de rubans roses. Elle dépose sur sa tête le fameux « Tedj » (diadème) en or, agrémenté de « Tiours » (petits oiseaux) frémissants à chaque mouvement de la tête, le front quant à lui sera orné du fameux « Khit Errouh » (bijoux pour le front). Il convient de préciser que ces détails concernent les traditions de parures algéroises, mais si chaque région dispose de son propre patrimoine vestimentaire et ornemental, le travail de la machtaa reste le même partout où l’on fait appel à ses services.
Par la suite, elle lui dessine le dessus des sourcils avec le « Harkous d’heb », et lui pose de chaque côté des pommettes L’tma لاطماء (petit point doré). La future épousée est fin prête, et la grande cérémonie de la « Tasdira » parentale peut alors commencer, au centre de Wast Eddar (Patio) au milieu d’un orchestre féminin dans une atmosphère féerique digne des milles et une nuits. Les va-et-vient de la présentation des toilettes traditionnelles, ou l’allure majestueuse et pudique de la jeune fille accompagnée de Dame Machta, subjuguent l’assistance.
Le lendemain de la fête, le cortège emmène la future mariée vers son domicile conjugale où la Machta l’accompagne et la pare de ses plus beaux atours pour sa nuit de noces.
Signalons au passage que la mariée est installée sur « Bounk El-Koba » (Lit en Fer Forgé Doré, richement décoré avec de somptueux voilages et parures de draps en « Ch’bika »), et un dîner spécial constitué de couscous sucré est préparé pour la mariée. Il lui sera servi dans un beaux plateau argenté, alors qu’elle se prélassera dans ce somptueux lit, en compagnie d’une amie ou d’une cousine intime ainsi que de notre Machta… Il fut un temps ou aucun membre de la belle famille ne devait voir la jeune fille avant son époux (le soir des noces), et ce, jusqu’au lendemain.
A l’heure H, la Machta fait évacuer la chambre de la mariée, non sans lui avoir prodigué les derniers conseils, ensuite elle déposera un « Chentouf » de Louis d’Or sur le sol de l’entrée, que le marié doit enjamber, pour franchir le pas de la porte de la « Ghorfa » (chambre). Ce geste est destiné à présager une union stable et prospère.
Enfin, la Machtâa ramasse le collier de louis d’or, se retire discrètement en lui murmurant « Khoud Mâa Aâtek Allah » (prend ce que le bon dieu t’a donné) c’est à ce moment précis que le marié lui glisse élégamment quelques billets dans la main… La suite au prochain RDV…
Retrouvez les premières parties de L’Machtâa, sur babzman :
https://www.babzman.com/2014/lmachtaa-laccompagnatrice-des-futures-epousees-par-b-babaco/ (introduction)
https://www.babzman.com/2014/lmachtaa-preparation-de-la-mariee-a-ses-noces-par-b-babaci/ (préparation de la mariée à ses noces)
B. Babaci
Écrivain-chercheur en histoire