Les Ouled Naïel … ces nomades à la réputation dépassant les frontières

La danse représente le cachet traditionnel du peuple qu’elle représente aussi minoritaire puisse-t-il être. La danse, depuis la nuit des temps est une expression corporelle, reflétant les émotions, les sentiments et les vœux les plus intimes. La danse est décrite comme étant le miroir de l’âme d’un peuple.

De tous les arts, la danse permet à l’individu ou au groupe de s’exprimer à travers des mouvements du corps, des impulsions du corps qui, dans un jeu de mouvance qui se convertit dans une sphère de sensibilité rythmée.

Le Naïli –Saâdaoui, est une danse des régions Sud-Est du pays. Le Naïli-Saâdaoui est également appelé Sahraoui, Taoussi ; Ammari ; Djellali, Naïtri. Cette danse se pratique dans l’axe reliant Boughari à Laghouat, passant par Boussâada, Bidkra, Ouled Djellel, Messâad, Aflou … ect. Son origine parvient des Ouled Naïl du djbel Ammour et fut véhiculée à travers les régions steppiques par les nomades issus du même nom.

Ces excellents éleveurs de troupeaux sillonnaient à longueur d’année un même itinéraire, tantôt en aval, tantôt en amont, dressant leurs tentes, tissées en poils de dromadaires et de chèvres, dans les endroits le splus appropriés aux besoins vitaux : eau potable, herbe, ainsi que les contacts et communications avec les autres populations, pour le troc.

Voyageant en caravanes, les familles se déplacent à dos de dromadaires, avec femme et enfants dans le « baçour », une sorte de hutte faite d’une armature de bois, recouverte de lainage, tandis que les hommes effectuent le parcours à pied.

Jadis, les Ouled Naïl avait une notoriété dépassant les frontières, acquise de leur courtoisie élloquante, leur sollicitude, et leur générosité qui restent légendaires. D’ailleurs, il suffit d’une simple rencontre entre interlocuteurs pour que celui-ci se retrouve sous la Khaïma à déguster un thé ou un méchoui, la spécialité locale. Cette réputation, devenue le label garantissant les excellentes relations avec les autres peuples, a fait na$itre des liens de parenté via les alliances de mariage.

Dans la « kheyma » (la tente), on trouve le métier à tisser qui permet à la Naïlia de produire des tapis de sol, des bernous, des couvertures et tous les lainages dont la famille a besoin. Aussi, le tamis, ce fameux « gherbel » à l’alfa, le mortier « maherès », fait de bois et dans lequel on prépare la fameuse spécialité aux piments, tomates et galettes, appellée : « Boumerdoukh » ou « Baâtout ». Pour emmagasiner l’eau, on utilise la peau de chèvre, cette fameuse « guerba », mais aussi, cette même peau tannée qui servira à préparer le petit lait, l’ben et en extraire le beurre, dans cette « chekoua ». Le « mezoued » quant à lui, il sert à emmagasiner la semoule et la « gasâa » dans laquelle on roule le couscous et l’y sert pour des repas communs. Tous ces accessoires qui faisaient jadis partie du quotidien des familles de Ouled Naïl étaient indispensable à la femme Naïlia. Cette femme qui, dès son jeune âge, est astreint aux besognes inhérentes aux femmes : Tisser, rouler le couscous, pétrir la pâte, traire les brebis, mais aussi, elle sera initiée au chant et à la danse.

Pendant que la femme vaque à ses occupations journalières, l’homme, lui, ne se sépare pas de son bâton pour sortir ses troupeaux. Un métier qu’il apprend dès son jeune âge au près de ses aînés : comment diriger le troupeau, détecter les dangers, les bien-faits de la nature … etc. Le soir, il pratique de la musique, soit en sifflant dans la « gasba »,une flûte faite d’un bout de roseau, soit en tapant dans le « bendir », un genre de tambourin.

La danse Naïli ou Saâdaoui :

Lors des fêtes de mariages, les Nailiettes se parent de leurs belles robes traditionnelles à plusieurs pans légers, guindées de voiles de la tête aux mollets, fixés par des « bzimettes », des fibules, à la poitrine. deux nattes apparaissent sur les tempes, sortant de ces foulards qui enserrent leur tête. Les « m’gayess », bracelets, orent les bras? La taille entourée d’une ceinture en argent, relève légèrement les pans de la robe, laissant apercevoir les paires de « r’def », ces chevillères lourdes faites d’argent également, de fabrication artisanale. L’homme Naïli est paré de cheche blanc, seroual, gandoura et bernous. Ce qui fait l’originalité des Ouled Naïel, c’est qu’ils sont tous vêtus de banc.

A cette occasion, les femmes montrent leur savoir dans l’art de la danse, car la danse Naïli ou Saâdaoui, évolue en soubresauts, le corps en mouvements intermittent de bas en haut, suite à une attitude de déséquilibre produite par la position des pieds.  L’exécution s’effectue à petits pas en avant ou en arrière, avec un pied devant l’autre. Le premier pied se déplace sur la plante, le second, à demi pointe. La tête, légèrement incliné sur la droite. Les bras, levés et tendus à hauteur de la poitrine, mettent les mains en avant avec les doigts en continuelle mobilité. Les pas changent selon la variation rythmique exécutée. Les danseuses et danseurs exécutent soit, trois pas rapides et un autre lent, soit en sautillant rapidement sur un seul pied.

Cette expression corporelle, devient un dialogue dans une danse de couple. Une danse qui s’effectue en solo, en duo ou en groupe. C’est l’une des rares danses qui s’exécutent en mixité. Lorsque les hommes s’allient aux femmes, ils sont munis de fusils, qu’ils replacent, parfois, par un bâton. Durant la danse, ils tirent un coup de feu au-dessus des têtes de leur partenaires qui, habituées, ne s’en émeuvent jamais. ..

Mounira Amine-Seka.

Sources :

  • L’Art chorégraphique en Algérie. Brahim Bahloul, OPU 1986.
  • alger-roi.fr.

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