Souvent la « découverte » de la jeune fille idéale a lieu au Hammam. Une fois la jeune fille bien examinée et choisie, le jeune homme à marier, aidé par sa mère, fait ses recherches sur la jeune fille, en questionnant le voisinage et les proches.
Quand le jeune homme donne son accord à sa mère, celle-ci fait appel à une intermédiaire, une marieuse, pour faire le premier pas, afin de savoir si les parents de la jeune fille sont d’accord.
La Marieuse est généralement une vieille dame qui jouit d’une bonne réputation et qui à les faveurs des grandes familles algéroise. Consultante et hôtesse d’accueil indispensable, les habitants de la Casbah font appel à elle pour concrétiser des mariages ou lorsqu’ils prévoient une grande cérémonie avec de nombreux invités dont plusieurs sont d’un rang social élevés. Elle est sollicitée pour toutes sortes de démarches. Le charme de ses paroles est célèbre.
Quand les pourparlers, entre la mère du jeune homme et celle de la jeune femme à marier, sont concluants les femmes avisent leurs maris. Par la suite le père du jeune homme invite le père de la jeune fille à prendre un café pour faire sa demande et s’accorder sur un jour de réception.
Les étapes :
- El khoutba – La demande en mariage : elle se termine sur le consentement mutuel des deux familles.
- Kti’ ech-chart – Fixation de la dot maritale : fixation des conditions religieuses, morales, matérielles et surtout financières constituant essdak, la dot maritale.
- El arboun – les arrhes : une avance d’argent ou un bijou de valeur est offert à la jeune fiancée sur les conditions générales de la dote pour valider la promesse de mariage.
- El mawassim ou coutumières : entre el khoutba et Dfoû’, des présents d’usages sont faits à la futur mariée à l’occasion des fêtes religieuses.
- Dfoû’ – livraison complète de la dot maritale : après el khoutba, essdak et el arboun vient Dfoû’ (la livraison complète de la dot maritale).
L’évènement est célébré chez les parents de la jeune fiancée, après la prière d’el assr, où ils reçoivent la famille du fiancé accompagnée par le cadi et un greffier (adel) pour établir le contrat de mariage.
Une fois les hommes réunis, le cadi développe de longues explications sur le mariage. Après s’être renseigné sur l’état civil du jeune homme et de la jeune fille, il prononcera officiellement la conclusion du mariage. Le greffier rédigera l’acte sur place directement dans le registre des mariages qu’il a apporté avec lui. Il faut savoir que le cadi et le greffier ne se déplace que pour des personnes de haut rang, pour des proches ou amis, sinon le mariage se fait habituellement au tribunal.
« tbaq el dfou’ » – la corbeille de la dot :
La livraison totale de la dote marital se fait le jour même dans une grande corbeille appelée « tbaq el dfou’ ». Une corbeille enveloppée d’un tissu de satin blanc, ornée de ruban de soie et de dentelle est présentée à la mariée. La marieuse exhibe tous les cadeaux en les commentant au fur et à mesure par des mots très évocateurs.
Elle contient un haik m’ramma, un a’djar (voilette),un caftan en velours brodé de fil d’or, un coupon de tissus rose, deux paires de chaussure (une d’intérieur et une de sortie), un foulard de soie, un miroir, du maquillage, un nécessaire de toilette, deux grands cierges roses, une demi-douzaine d’œufs dont la coquille à reçu une mince couche de dorure, du henné, un pain de sucre ainsi qu’un louis d’or. Un coffre, où se trouve une bourse en velours contenant « sdaq », l’argent convenue entre les deux pères, est présentée à la mère de la mariée.
Le henné du dfoû’ – Le henné de la dot :
Après le contrat de mariage, les proches des deux familles se réunissent autour d’un diner (hommes et femmes séparé). En plus de « tbaq el dfou’ », la famille du jeune homme ramène une corbeille contenant le nécessaire pour la pose du henné : poudre, accessoires pour l’opération et de petits cadeaux dont un bijou devant sceller l’acceptation de la demande en mariage.
Après le repas, les femmes préparent un espace pour la cérémonie du henné. Cette cérémonie est parfois désignée par l’expression « petit henné » car elle est différente de celle qui doit avoir lieu à l’approche des noces que l’on appelle « le henné de la mariée ».
Les proches de la mariée disposent deux coussins brochés d’or l’un sur l’autre et réunissent les accessoires nécessaire pour l’opération : henné, miroir, œufs, petits carrés de tissu en soie, bougies… Une fois que tout est en place, la marieuse ainsi que deux jeune dames d’honneur (récemment mariée) portant chacune un cierge, vont chercher la jeune mariée, joliment apprêtée. La marieuse lui couvre entièrement le visage d’un grand foulard de soie et la fait asseoir délicatement sur les coussins, face aux femmes. Des enfants tenant des cierges et un miroir, au dessus de sa tête, l’entoure.
La grand-mère du marié est chargée de procéder à la pause du henné pour la « baraka ». Tout au long de l’opération elle chante le traditionnel taqdam (chant traditionnel), pendant que les femmes manifestent leur gaité et leur joie par des youyous.
Ils arrivent parfois, pour diverses raison que les phases de la demande en mariage soient regroupées. Par exemples, quand les familles se connaissent et sont déjà d’accord, la demande en mariage se déroule, entres hommes, à la mosquée en présence de notabilités, de proches et de quelques amis des deux parties. Souvent à la demande des deux familles, le Cadi et ses greffiers se rendent à la mosquée pour enregistrer le mariage après que le mufti a présidé la cérémonie religieuse.
A SUIVRE …
Synthèse
Source : « La casbah d’Alger autrefois – Le mariage » de Kaddour M’hamsadji
Image : La parure de la mariée algérienne – Pierre-Marie Beyle