Ces colloques furent animés par des chercheurs de diverses disciplines (musicologue et ethnomusicologue), et ont permis d’aborder plusieurs thèmes; ainsi celui de « la dimension humaine de la musique diwane » fut traité par Majid Bougarba, Abdelwahed Fedel s’est chargé quant à lui, de nous transmettre son savoir à travers le sujet du « Goumbri, contexte et apprentissage » et enfin Halim Aroua, s’est exprimé sur « La lila au centre du rite diwane ». De plus, une série d’ateliers furent mis en place, dans le but d’apporter des éléments de réflexion, et d’éclaircir certaines zones d’ombres sur les rites autour du Diwane, et qui restent encore auréolés de mystères.
La mise en espace du diwane :
Nous verrons travers les témoignages croisés, de deux membres de jury : Abdelwahed Fedel musicologue et Maalem Mejbar Ben Medjbari, la mise en espace de cet art, qui se situe quelque part entre le rite et la scène, entre l’espace sacré et le profane.
Aborder le diwane en tant qu’expression musicale, à travers le jeu d’un instrument tel que le gumbri « ne se limite pas au seul apprentissage de ce dernier », souligne Abdelwahed Fedel, qui ajoute en ce sens «c’est un instrument , avec un répertoire, des notes et des rythmes, tel est le cas de toutes les musiques algériennes. Elles sont basées sur une méthode d’apprentissage traditionnelle qui se transmet de bouche à oreille, et nous pourrions reprendre ces même mécanismes, pour développer le jeu du gumbri hors du diwane traditionnel, car il faudra préciser qu’il existe des musiciens qui veulent apprendre à jouer de cet instrument en dehors du rite, il serait donc dommage les en priver »!
En effet, nous avons pu observer sur la scène musicale du festival, du côté des initiés (maalem) versés dans les rites du diwan, des joueurs du gumbri autodidactes qui ne font pas parti de « cette sphère ». L’intérêt croissant et l’engouement qu’a connu « ce genre musical »auprès des jeunes ne laisse pas les initiés du diwane de marbre, et à ce propos Mejbar Ben Madjberi, précise que « le but de ce festival est de révéler cette musique, et de mettre la lumière sur cette pratique : « un maalem qui joue le gumbri, et qui a appris les bradjs , en tant que musicien est un maalem musicalement accompli, mais ce n’est pas pour autant que le coté spirituel suit ».
Il existe donc deux voies : l’une musicale, et l’autre spirituelle; tel est le cas du maalem de m’hala « le chemin », versé dans rites du diwane « . D’ailleurs, Mejbar Ben Madjberi critique « la reprise des rituels en tant qu’exhibition et mise en scène dans le cadre du festival, car pour lui la scène prend en charge des éléments concis et techniques et ne peut donc intégrer la valeur spirituelle ». Il affirme que cette valeur ne peut être observée que lors de la waada dont on ne doit pas négliger le rôle, et qui devrait être en relation directe avec le festival », dont elle serait l’homologue spirituel.
Abdelwahed Fedel partage avec nous son avis, et ajoute que « La scène et le diwane sont deux mondes différents ». Au diwane, les adeptes veillent à une structure, c’est le rituel qui prime; et sur scène c’est la musique, jouée pour le public qui règne en maîtresse des lieux.
L’émergence du diwane ainsi que sa diffusion à un large public ouvre la voie sur des pistes de recherche «en terme d’apprentissage et de sauvegarde du patrimoine ». Cette évolution met l’accent sur des mutations et des représentations diverses, situées entre le répertoire musical et le rituel hermétique.
La voie musicale et la voie spirituelle sont deux dimensions distinctes qui cohabitent afin de pérenniser cet art et cette pratique socioculturelle, et à ce propos le public du festival a été agréablement surpris de découvrir un master class avec le talentueux maalem Abdelmalek âgé de 12 ans,
Leila A