«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).
Le conte que vous êtes en train de lire a fait le tour de la planète sous sa version chantée. C’est en effet, grâce à Benmohamed (Benhamadouche), pour les belles paroles, à Idir (Cheriet Hamid) pour musique et chant, que ce conte venu du fin fond des âges a pu comme le Phénix renaître de ses cendres. Nous vous le livrons sous sa forme écrite.
Ce conte se passe à l’époque où les animaux avaient le don de la parole et communiquaient avec les hommes. En ce temps-là, il y avait dans une contrée, une famille composée de cinq membres. Quatre garçons et une très jolie fille prénommé Rova.
Les garçons étaient tous des gaillards. Ils tenaient tous de leur père, une force herculéenne. Il était capable d’assommer d’un seul coup de poing le plus récalcitrant des taureaux. La famille était crainte et respectée. Rova choyée et gâtée personne ne pouvait l’approcher. L’aîné de ses frères toujours armé d’une grosse massue, avait la faculté de fendre la terre sur plusieurs mètres en surface et en profondeur. Le puîné pouvait voir à travers les murs, le troisième dont l’ouie était très fine, pouvait entendre le rosée tombée (Isel ind’a ma thekath). Le quatrième était tellement habile de ses mains, qu’il était capable de retirer des œufs de perdrix pendant la couvaison sans qu’elle s’aperçoive (Izmar ad ikes thimellalin sedaou theskourth bla ma thfaq).
Depuis des temps immémoriaux, les Kabyles se rencontrent presque tous les soirs “Di thajmaâthe (agora) pour commenter les nouvelles du jour, ou quand cela est nécessaire, régler certains litiges, qui peuvent parfois survenir. L’autorité de “Thadjmaâthe” fait force de loi avant même l’existence des lois. Le bon sens était la loi.
Tout à fait, au début de l’humanité, les personnes qui fautaient en public étaient immédiatement punies par Dieu lui-même, pour leur apprendre les bonnes manières et servir d’exemple aux autres. C’est ainsi, que le père des quatre garçons et de Rova, en prenant la parole Di Thajmaâthe et en élevant la voix, fait entendre une flatulence sonore et nauséabonde. Honteux, humilié, il s’assoit, il s’assoit par terre et prend aussitôt racine. On essaye de le relever mais en vain. Impossible de le décoller du sol sans le blesser, voire le tuer.
Comme il ne peut pas rentrer chez lui, et que l’agora est située en contrebas du hameau les hommes tiennent conseil, et décident de lui bâtir une hutte en torchis, pour le protéger des intempéries et des prédateurs, dont le terrible ogre (Ouaghzen) qui rôde autour des habitants de nuit.
Comme à l’époque les serrures de portes n’existaient pas, on utilisait des cales qu’on posait contre les portes pour empêcher toute intrusion. C’est ainsi que le père des quatre gaillards et de Rova, passait ses jours et ses nuits dans sa lutte de fortune.
Rova, lui amenait à manger en milieu de journée et en fin de soirée. Comme il existe de nombreux prédateurs, pour protéger le pauvre homme, Rova et son père décident d’adopter un mot de passe. A chaque fois qu’elle viendra lui donner à manger elle dira :
“Ets khilk Eldi Thabbourth
A vava inouva”
(Papa Inouva, ouvre-moi la porte, c’est moi ta fille Rova !)
En l’entendant son père lui dit :
“Tchène-tchène thizevgathinim a illi rova !”
(Fais tinter tes bracelets, Rova, ma fille !)
En entendant le tintement des bracelets en argent de sa fille, le père enlève la cale de la porte et fait rentrer sa fille, qui lui donne à manger.
Le manège dure quelques jours, mais un soir, tout bascule. Un ogre qui passait par là, entend les propos échangés entre le père et la fille. Dès qu’elle part, il se rapproche de la hutte et dit à l’homme :
“Ets khilk eldi thabbourth
A vava inouva !”
(Papa Inouva ouvre-moi, la porte, je suis ta fille Rova).
La voix de l’ogre était tellement caverneuse, que l’homme n’a guère de mal à reconnaître, qu’il s’agit d’un imposteur. “Tu n’es pas ma fille, éloigne-toi d’ici, je n’ouvrirai qu’à sa voix et du tintement de ses bracelets. Passe ton chemin maudit !” Le lendemain en amenant à manger à son père, celui-ci fait répéter plusieurs fois le mot de passe avant de lui ouvrir la porte. Intriguée elle lui demande pourquoi, il agit ainsi.
“-C’est parce que ma fille, hier quelqu’un a voulu m’abuser, il a imité ta voix, mais je ne lui ai pas ouvert.
-Ça doit-être l’ogre (Ouaghzen) il paraît qu’il a été vu rôder dans les environs. Attention papa n’ouvre à personne en dehors de moi !”
À suivre…
Auteur : Benrejdal Lounes
Illustration : Peinture, village à Tizi Ouzou, T. Abdelkrim
7 commentaires
Merci!!!Je peux enfin comprendre cette fabuleuse histoire que ma grand-mère me racontait tout petit.J’attends impatiemment la suite.
j.aimerai savoir l.histoire
Merveilleux!
Merci pour le partage.
Algerie mon beau pays ma vie mon amour ma jeunesse. J’ai trops la nostalgie de l’époque la vie était belle dans les 70 80 .puis j’ai quitter mon pays et son littoral qui m’a toujours fasciné moi qui aime la mer les plages aux sables doré .wand je suis revenu en 2013 après une si longue absence malgré moi car le pays a sombré dans une guerre sans but ni sens entre nous algérien musulman frère. J’ai eu très mal dans mon âme je pensait à ceux qui on combatue et mort au combat nos soldat des hommes.apres il a fallut se battre entre nous sans ennemi apparent à part les fous qui je ne sait pas part qui ils étaient guider pour mettre le peuple algérien dans une guerre sans nom. Qui a laisser des familles dans une tristesse plus tout le reste dont
d’après mon mari, on etudiait ce conte à l’ecole primaire , les années 75 à 79 (4ème année)
Vraiment, un grand bravo à l’équipe Babzman, pour le travail que vous réalisez, et pour la volonté que vous nourrissez. Je trouve parmi vos articles des obus, si je puisses dire, qui éclaircissent beaucoup de choses. Bon courage.
Une belle Histoire qui a traversé tout les âges, les livres de nos enfants doivent s’illustres que de nos contes. merci mon ami.