Point de corps de Rova. Le garçon à l’ouïe fine dit à ses frères :
“Notre sœur n’est pas encore morte, l’ogre l’a enlevée, il nous faut la délivrer avant qu’il ne soit trop tard ! Les cris qu’elle pousse vont me guider.”
Et c’est ainsi que Rova fut retrouvée saine et sauve dans une grotte servant de tanière à l’horrible animal, parti pour chasser. Ils la trouvent attachée, avec les poils très solides de l’ogre aux poignets et aux pieds. Elle est contente de voir ses frères au grand complet et éclate en sanglots, quand elle leur apprend que l’ogre veut l’épouser et qu’elle ne veut pas de lui.
“Ne t’en fais pas, petite sœur, nous allons te délivrer et nous allons le tuer et venger notre père dévoré !”
Pour ne pas donner l’éveil à l’ogre, ils laissent leur sœur attachée et se mettent à l’affût. Très fatigué, à force de courir après ses proies, dès qu’il rentre chez lui, l’ogre s’affale sur sa couche à côté de Rova.
Le frère capable de voir à travers les murs surveille son sommeil, dès qu’il tombe dans les bras de Morphée, il dit à ses frères que c’est le moment de tenter de délivrer leur sœur. Entre alors en scène celui qui est capable d’enlever des œufs de perdrix. Avec dextérité, il dénoue un à un les entraves très serrées. L’opération terminée, ils soulèvent leur sœur, la sortent dehors, et prennent leurs jambes à leurs cous. Après s’être éloignés de la tanière de l’ogre, ils se reposent un peu. Le frère à l’ouïe fine colle son oreille au sol et lance :
“Ouaghzen ifaq !
(L’ogre s’est aperçu !)
Il est à notre poursuite, il ne tardera pas à être là !”
“Maintenant, c’est mon affaire”, s’écrie l’aîné à la grosse massue, la faisant tournoyer, il l’abat sur le sol avec fracas. Aussitôt un trou géant s’ouvre devant eux. Ils s’engouffrent dedans. A ce moment, arrive l’ogre, il sent la chair humaine mais ne voit personne.
Il tourne en rond, mais ne comprend pas, l’esprit embrouillé il dit :
-Lan our line
Iârqiyi tekhmim !
(Ils sont ici, mais je ne sais quoi penser !)
De guerre lasse, il quitte les lieux.
Pour éviter toute mauvaise surprise, les quatre frère aménagent leur cachette jusqu’à ce que tout danger soit écarté. Ils veillent sur leur sœur comme sur la prunelle de leurs yeux.
Après quelques mois d’attente, ils trouvent l’ogre en train de rôder autour de leur sœur. Ils le prennent tous les quatre à partie et le tuent. Victorieux, ils retournent dans leur village où ils sont acclamés en héros.
« Our kefount eth’houdjay i nou pour kefoun ird’en tsemz’ine. As m-elâid’ ametch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. »
(Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’aïd, nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).
Auteur : Benrejdal Lounes
illustration : peinture Femmes kabyles revenant de la fontaine, J. Migonney (1876-1929)
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https://www.babzman.com/2014/le-conte-kabyle-davava-inouva-1re-partie/
https://www.babzman.com/2014/le-conte-kabyle-davava-inouva-2e-partie/
1 Comment
Merci pour ce travail. Mais je crois qu’il est inachevé, vu la transcription erronée des propos en Tamazight. Permettez-moi de corriger, ici dans mon commentaire, la conclusion : » Ur keffunt thugjay inu, ur keffun irden d temzin. Ass n l3id an-(e)tch aksum arma nga tiwenzizin. » Tanemmirt nwen.