L’Amour Dieu ou le Soufisme – Partie I – Le soufisme ou le culte des sens

Dans le monde soufi, tous les sens sont honorés ; la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher comme le dit si bien Giordano Bruno : « Il y a des mondes infinis et les créatures sont vivantes ».

C’est un monde fait de sensualité qu’est la confrérie ou la « Zaouia » lors d’une veillée mystique. C’est une occasion de plus de savourer un bain selon les rites marocains et de s’habiller en conséquence. C’est une purification du corps pour mieux recevoir l’épuration de l’âme.

L’encens, le bois de santal, le musc, l’eau de rose et de la fleur d’oranger embaument tous les espaces du soufi. Ces senteurs procurent une détente physique et intellectuelle ainsi qu’un doux effet aphrodisiaque qui diffuse une énergie sacrée propice à recevoir le divin. Certes, le compagnon durant « ’Lilla » la veillée est complètement détourné des plaisirs terrestres « Alâam Achahawat Adounia » et il tend vers le monde de Dieu « Alâam Rabbâani ». Ceci ne veut nullement dire que le soufi se prive des plaisirs du corps ; l’Islam condamne la vie monacale et le bigoterie. Les compagnons de la confrérie, aussi bien hommes que femmes, sont des partenaires conjugaux extatiques dans le sens tantrique du terme. Mais à chaque temps son extase.

Le dîner de la veillée ou l’Offrande « Sadaqua » est un don d’une des familles les plus nanties de la confrérie car la générosité est une des qualités de l’amoureux – « Al mohib ». Le repas est un raffinement visuel et gustatif, les épices les plus fins relèvent les mets ; la cannelle, le clou de girofle, la cardamome, le gingembre, le safran, etc. Le thé à la menthe arrose le festin. Et on mange en cercle autour de tables rondes, la forme géométrique chère au Soufi, symbole de complémentarité et d’union sans début ni fin. Certes l’ouïe est le sens le plus sollicité car l’oreille est la plus grande porte de l’âme.

Et contrairement au positiviste, ce n’est pas l’oeil mais l’ouïe qui est le sens le plus sollicité car l’oreille, pour les soufis, est la plus grande porte de l’âme.

 

Leïla Zouggari  

  •  « L’Amour Dieu ou le Soufisme  » de Leila Zouggari. Extrait choisi : Le soufisme ou le culte des sens Ed , Lierre & Coudrier  1997  .

Illustration : « La prière dans la mosquée », huile de Jean Léon Gérôme …XIXe siècle

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