C’est cette année-là que choisit l’ANC (African National Congress) du leader sud-africain d’opter pour la lutte armée. L’expérience algérienne est encore toute fraîche.
La révolution algérienne est gorgée du sang ses fils. Prête à servir d’exemple aux autres mouvements de révolutions à travers la planète. Ils s’abreuveront à sa mamelle alors qu’elle est sur le point de défaire la quatrième puissance mondiale. Nelson Mandela lui emboîte le pas et choisit de faire parler la poudre après avoir vainement décidé pour le dialogue et la non-violence.
C’est la jonction entre un pays en lutte pour son indépendance et un autre qui entre en rébellion, en faisant parler la poudre pour faire tomber un des systèmes de ségrégation les plus hideux que l’humanité ait eu à enfanter: l’apartheid. Un combat que symbolisera désormais Mandela. Un combat pour faire échec à la domination des Blancs contre les Noirs. Un combat pour l’égalité entre tous les peuples. De toutes les couleurs. Un combat pour l’universel. Un idéal tout simplement. Car pour la race humaine, il n’y en a qu’une: n’en déplaise à tous les racistes du monde entier. Sur les traces du FLN historique de Krim Belkacem, Boudiaf, Ait Ahmed, Ben M’hidi…
Le géant fonde alors la branche militaire de l’ANC, Umkhonto we Sizwe, et plonge dans l’action armée. En mai 1961, il organise une grève générale. Les travailleurs ont pour consigne de rester chez eux. Le gouvernement fait intervenir la police et l’armée. C’est le point de non-retour. Le rebelle actionne le bras armé de son mouvement. Les installations publiques et militaires deviennent les cibles privilégiées de ses campagnes de sabotage. A l’instar de Taleb Abderrahmane, Fernand Iveton…
Ces actions qu’il enchaîne, ont pour consigne d’épargner les vies humaines pour ne pas hypothéquer les chances de la politique de réconciliation à venir, entre les différentes communautés sud-africaines (blanche, noire, indienne et métis). La première manche tourne à l’avantage du régime ségrégationniste sud-africain. La CIA lui prête main forte. Mandela est arrêté en 1963 par la police sud-africaine. Il est condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité.
Il comparaît devant la Cour suprême de l’Afrique du Sud à Pretoria. Il organise sa défense, précise et explique les circonstances qui l’ont conduit à recourir à la violence pour faire entendre la cause de son peuple.«Toute ma vie, je me suis consacré à la lutte pour le peuple africain. J’ai combattu contre la domination blanche et j’ai combattu contre la domination noire. J’ai chéri l’idéal d’une société libre et démocratique, dans laquelle toutes les personnes vivraient ensemble en harmonie et avec les mêmes opportunités. C’est un idéal pour lequel j’espère vivre et agir. Mais, si besoin est, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir», souligne-t-il dans une retentissante et émouvante plaidoirie reproduite intégralement par le Rand Daily Mail, un quotidien national sud-africain de langue anglaise, opposé à la politique d’apartheid qui a été qualifié de «premier journal blanc (d’Afrique du Sud), regardant les Noirs comme des êtres humains» par The Sowetan, deuxième quotidien du pays dont la majorité du lectorat est issu des milieux défavorisés des townships. Il devient l’icône de la lutte pour l’égalité raciale.
Du fond de sa prison de Robben Island (une île située au large du Cap) où il purgera 18 de ses 27 années de détention, des millions de voix répondent en écho à son combat.
Sous la pression de la communauté internationale et alors que l’Afrique du Sud est au bord de l’explosion, Nelson Mandela est libéré le 11 février 1990. Sa première visite à l’étranger il la réservera à… l’Algérie. Une sorte de pèlerinage pour dire d’où il a puisé son passé de révolutionnaire et sans nul doute toute son énergie pour mener son ultime combat.
Source : Mohamed TOUATI – https://www.lexpressiondz.com/actualite/296393-l-algerie-te-salue-madiba.html
Image intérieure : Mandela (deuxième à gauche) entouré de militaires algériens