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L’affaire Meriem Bouzid, censure de son livre : ce que les gens de Sbeiba disent. Sens du rituel de l’Achoura dans l’oasis de Djanet

fiiL’affaire de la chercheure Meriem Bouzid-Sebabou prend de l’ampleur. Après les appels à la censure de son ouvrage intitulé “ Ennen kel Sebeiba fi ma’na ‘achoura bi ouhat djanet » (Ce que les gens de Sbeiba disent. Sens du rituel de l’Achoura dans l’oasis de Djanet)” émis par des représentants de la société civile à Djanet, la communauté des enseignants et chercheurs a réagi en apportant son soutien à leur collègue alors que le ministère de la Culture semble avoir cédé à la pression.

Le livre en question, fruit d’une longue recherche anthropologique de presque 20 ans, aborde sur les pages 66 et 67 l’exploitation des habitants de la région de Djanet par le colonisateur français. La pauvreté et la privation qui s’en sont suivies ont fait apparaître certains fléaux dont la prostitution.

Un passage qui dérange car la recherche est décriée par les signataires d’une lettre adressée au Premier ministre, se présentant en tant que “les notables et les jeunes d’El Mihan, Djanet, wilaya d’Illizi”. Ils y voient une atteinte portée aux habitants de la région.

La lettre, écrite le 26 novembre, ajoute: “La concernée [la chercheure] a fait exprès de diffamer nos origines et notre honneur en accusant nos mères d’avoir pratiqué la prostitution avec les soldats de de la colonisation française”. Les auteurs du document qui se sont indignés des supposés “mensonges autour de l’histoire et des habitants de Djanet” ont appelé le Premier ministre à intervenir afin d’arrêter la publication et la vente du livre.

 

Il exigent également des excuses publiques de l’auteur “à travers la télévision et les journaux, afin de réparer le tort causé par son livre aux habitants de la ville”.

“Qui détient une autorité sur les idées scientifiques d’un chercheur?”

Cet appel à la censure a été accompagné par une campagne visant la chercheure sur les réseaux sociaux. Mme. Bouzid-Sebabou, tout en déclarant être surprise par cette campagne, a donné sa version des faits dans une lettre ouverte le 10 décembre.

“Le livre ne généralise pas les faits sur toutes les femmes de la région. La phrase a été d’ailleurs formulée au conditionnel: “aurait conduit certaines…” et ne vise pas une femme en particulier. Les propos ont été amputés et des rumeurs qui n’ont rien à voir avec le contenu du livre se sont propagées entre les gens simples”, a regretté l’auteure.

Elle a déclaré par ailleurs avoir rencontré à Djanet le 3 novembre dernier des acteurs de la société civile et des universitaires de la région. Les présents ont conclu “sur la nécessité de poursuivre les recherches et d’ouvrir plus de portes sur la mémoire collective”.

Réagissant à l’appel à la censure du livre , Mme. Bouzid s’est interrogée “qui détient une autorité sur les idées scientifiques d’un chercheur, ne touchant ni à la religion ni à la dignité des personnes, évoquant juste une partie de ce qu’ont enduré les habitants durant la période coloniale?”.

“Je réitère que mon respect pour les habitants de Djanet est intact en plus d’être réciproque. Je ne pourrais en aucun cas diffamer une communauté dont je fais désormais partie: je suis l’épouse d’un targui et la mère de deux filles targuies”, a conclu la chercheure.

Le ministère cède à la pression, les chercheurs soutiennent Bouzid-Sebabou

Cédant à l’appel à la censure, le ministère de la Culture a de son côté fait parvenir au CNRPAH (Centre National de Recherche Préhistorique, Anthropologique et Historique) une note verbale exigeant le retrait du livre “Ennen Kel Sbeiba…” des circuits de diffusion, indique un communiqué des enseignants et chercheurs au sein du même organisme.

“Le directeur du Centre a été jusqu’à exiger la suppression des passages incriminés et la présentation d’une lettre d’excuses aux personnes se disant les notables de Djanet El Mihan”, ajoute le document.

Les enseignants et chercheurs dénoncent dans le communiqué l’atteinte portée à la liberté de la recherche scientifique et pointent du doigt “l’intrusion intolérable des autorités administratives et ministérielles qui, pour des motifs politiques, se donnent le droit de la censure”.

L’ouvrage en question a été publié “selon les usages et règlements en vigueur qu’avec l’avis de Conseil scientifique” du CNRAPH. Les chercheurs se demandent enfin : “Comment comprendre que […] les autorités ministérielles décident sans l’avis du conseil scientifique du Centre du retrait du livre des circuits de diffusion publique y compris de la bibliothèque du Centre?”.

 

Source :

  1. https://www.huffpostmaghreb.com/2014/12/15/meriem-bouzid-livre-censu_n_6327588.html?ncid=fcbklnkfrhpmg00000008

 

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1 commentaire

Hind 16 décembre 2014 at 17 h 44 min

Pour une fois que quelqu’un pousse la recherche, voilà qu’on veut lui mettre une museauliere .. Je soutien la chercheuse et tous ceux qui lions des motifs étroits, font de la recherche sur notre patrimoine et histoire.. Un peuple sans histoire est un peuple déjà mort.. Laissons le lion raconter sa version de l’histoire, jusque là, seul le chasseur pouvait parler …

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