Il y a quatre jours, les autorités locales de la ville d’Oran ont procédé au changement du nom de la rue Fernand Iveton, ce militant communiste français qui a donné sa vie pour l’Algérie, après s’être engagé dans la lutte de libération nationale aux côté des algériens.
Cet homme dévoué qui, avait épousé la cause algérienne, fut exécuté parmi les tous premiers, à la guillotine, en même temps que deux autres patriotes algériens : Mohammed Ouennouri et Ahmed Lakhnèche, le 11 février 1957.
Le 25 novembre 1956, il passe devant le tribunal militaire d’Alger, soit 11 jours seulement après son arrestation, « en application de la procédure expéditive permise par « les pouvoirs spéciaux », accordés par les députés français au gouvernement de Guy Mollet ». Un recours en grâce fut déposé par les avocats de F. Iveton, lequel, examiné au Conseil de la magistrature, fut refusé par le Garde des sceaux de l’époque, François Mitterrand qui vota en faveur de l’exécution du condamné à mort.
Albert Smadja, l’un des avocats commis d’office pour Fernand Iveton a affirmé que durant toute sa carrière au barreau, il n’avait « jamais vu un dossier d’inculpé aussi mince et comprenant peu de pièces facilitant l’instruction de l’affaire » car, à son avis, « on voulait précipiter l’exécution du militant et clore le dossier ».
La rue, non loin de Derb, s’appelle désormais « Rue Bachir Bouamer », un autre martyr. Pourquoi écarter ces algériens de cœur ? Pourquoi effacer une partie importante de la mémoire de l’Algérie ? Personne ne trouve de réponses à ces questions. Quelques habitants indignés pointent du doigt l’ignorance de certains élus ou responsables et leur méconnaissance de l’histoire de l’Algérie, du moins, de la période de la révolution.
Cette affaire a rejeté les plus anciens habitants d’Oran, à une affaire similaire qui s’était produite dans les années 80, lorsqu’on débaptisa la rue Max Marchand, près de Gambetta, ignorant que cet homme fut un ami de l’Algérie, assassiné par l’OAS, en 1962.
Dans ce sens, une pétition a été lancée, interpellant, en premier lieu, Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidines, dans laquelle, les citoyens exigent aux élus la réhabilitation du nom de ce martyr : « Nous citoyens et citoyennes, signataires de cette pétition, exigeons que le nom de Fernand Yveton, mort comme ses frères au combat, soit réhabilité et remis en lieu et place sur les murs de la rue qui portait son nom. ».
« Le journal de l’Oranais », ce média électronique fut le premier à avoir dénoncé cette insulte à l’encontre de ce martyr de la guerre de libération nationale. Les actions citoyennes, les pétitions, les partagent sur les réseaux sociaux ont eu raison de cette maladresse saccageant la mémoire collective.
Il serait temps que ces responsables comprennent qu’être algérien ne s’arrête pas au nom, ni à l’origine. Combien d' »étrangers » ont aidé l’Algérie à se défaire de cette colonisation qui a duré plus d’un siècle? Le FLN de la révolution ne comptait pas que des combattants algériens, ni que des musulmans. Le FLN de la révolution comprenait des hommes et des femmes qui ont, pour la plupart, donné leur vie pour la liberté et la justice.
Mounira Amine-Seka.
Sources : Presse Nationale.