Hassan Pacha ou les trois gouvernorats d’Alger

En sa qualité de gouverneur général d’Alger, Hassan Pacha est le seul à avoir eu trois mandats distincts durant la période ottomane des Beylerbey qui se sont relayés de 1518 à 1587. 

 

Au titre honorifique de Pacha, Hassan a exercé trois fois la fonction de gouverneur. Cela s’explique probablement par les traits de son caractère, mais pas que. L’historien Diego de Haëdo le décrit comme un homme « libéral et populaire », parlant parfaitement plusieurs langues, notamment l’espagnol. C’est dire qu’il peut faire un bon ambassadeur. Avant de s’installer à la tête de la Régence d’Alger, l’une des trois villes-Etats nord africaines (avec Tunis et Tripoli), dès le 20 juin 1544, il a bénéficié de l’appui de son père Kheïreddine Barberoussse. En soutenant la candidature de son fils, ce fondateur de la Régence d’Alger fait valoir son combat contre l’expansion espagnole et son mérite – avec son frère Aroudj – d’avoir intégré le Maghreb à l’empire. Hassan est né d’un mariage mixte, sa mère est algéroise. Il ne peut donc pas être un Koulougli, son père n’étant pas un janissaire (corps de l’armée ottomane), mais un corsaire qui s’est mis au service du sultan. A Alger, Hassan peut avoir la facilité de tisser des liens avec la population locale.  

 

L’alliance avec Koukou 

Au-delà de ses campagnes contre le royaume zianide de Tlemcen, il doit aussi assumer la charge de la guerre contre l’Espagne, dont les forces occupent alors Oran et ont des visées sur plusieurs villes d’Algérie. Il conduit parfois lui-même ses troupes, composées essentiellement de soldats turques, de Renégats et de Spahis. C’est dans ce contexte qu’il a appris, en 1546, le décès de son père. Son protecteur n’étant plus là, il sera confronté à un rival, Rostan Pacha un beau père du sultan qui cherche à le destituer. Inquiet, il s’en va à Constantinople, le 22 septembre 1551, pour apaiser la tension. Il a alors 35 ans. Il ne reviendra qu’après la mort de ce dernier, en 1557. Sa deuxième mission de gouverneur sera, surtout, marquée par le conflit armé avec le royaume des Ath Abbas en Kabylie, en 1559. L’année d’après, il établit la paix avec les At El Kadi, souverains de Koukou dans la même région, allant même jusqu’à épouser une fille du roi. Cette alliance permet aux Kabyles de circuler librement à Alger, de porter des armes et d’en acheter.  

 

La tentative d’Oran 

Déjà méfiants envers le groupe des corsaires, les janissaires réunissent leur conseil (divan). Ils font interdire à Hassan la présence des Kabyles à Alger. Puis, ils l’arrêtent et le renvoient, en 1561, à Constantinople. Il est alors soupçonné de constituer une armée de Renégats et de Kabyles, afin de mettre fin au pouvoir des janissaires. Une fois de plus, il sera de retour à Alger, ayant toujours les faveurs du sultan. Accueilli chaleureusement en 1562, sa troisième et dernière période de cinq ans sera ponctuée par sa tentative de prendre le port Mers El Kébir et ensuite la ville d’Oran. Fort d’une armée de quinze mille mousquetaires, mille spahis à cheval et même mille cavaliers envoyés par le roi de Koukou, il compte aussi sur trente-deux galères. Au terme de plus de deux mois d’affrontements, il lève le camp, le 7 juin 1563. Deux ans plus tard en mai, il participe au grand siège de Malte, avant de pouvoir se reposer dans son palais à Alger. Cette fois-ci, il apprend que son successeur est désigné. Il s’en va en janvier avec la certitude de ne plus vivre à Alger. Il emporte ses biens, mais laisse son épouse, la fille de Koukou, avec laquelle il a eu un fils. Il meurt en 1570 à Constantinople.  

 

Mohamed Redouane 

 

Bibliographie:

  1. Histoire des rois d’Alger de Diego de Haëdo (traduction de H. -D. de Grammont), édition Adolphe Jourdan, Alger 1881. 
  2. Illustration: https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/78/Description_de_l%27univers_%281683%29_%2814597476860%29.jpg?uselang=fr

 

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