C’est une tâche fort vaste et peu aisée que de définir cet art passionnant ! Essayons toutefois, avec l’origine même de ce mot…
«Mosaïque» : de l’italien «mosaico» et du latin médiéval «musaicum» découlent des mots comme muse, musée et mosaïque. Plus concrètement, on peut évoquer un puzzle d’éléments, une construction d’images, composée de petits morceaux de matières pouvant être chronologiquement des galets, de la pierre, de la terre cuite, du marbre, ou du verre.
Ces petits fragments de matières, appelés tesselles, seront les éléments de base d’une mosaïque. Pour la définir de façon plus poétique, citons Domenico Guirlandaio, peintre italien du XVe siècle, qui la qualifia de «peinture pour l’éternité», ou l’intellectuel français André Malraux, qui la considéra de «mère du vitrail».
L’évoquer de la sorte donne, selon moi,une résonance assez juste pour illustrer cet art ancestral.
Origines
Art ancestral, sans nul doute, mais de quand date-t-il exactement ?
Pour certains, la mosaïque puise ses origines à Uruk (l’actuel Irak) vers la fin du IVe millénaire avant J.-C., avec des petits cônes d’argile peints de rouge, de noir ou de blanc qui ornaient murs et colonnes grâce à de petits motifs géométriques simples.
Les prémices de la mosaïque…
Elle apparaît véritablement au VIIIe siècle avant J.-C., à Gordion (l’actuelle Turquie), avec l’utilisation de petits galets blancs, noir et rouge sur des pavements en damier polychrome.
Mais c’est au VIe siècle avant J.-C. qu’elle se développe en Grèce, avec de petits galets de rivière. Cette technique s’étendra à partir du Ve siècle avant J.-C. avec l’emploi d’une plus large gamme chromatique de galets.
Aux motifs géométriques simples dans l’habitat privé succéderont progressivement des scènes figuratives beaucoup plus élaborées.
Entre la fin du IVe siècle et le IIIe siècle avant J.-C., les plus belles mosaïques de galets sont visibles à Corinthe, Délos mais aussi à Chypre et en Sicile.
Cet art atteindra son apogée vers 300 avant J.-C.à Pella, en Macédoine, sous le règne d’Alexandre Le Grand.
La mosaïque de tesselles en marbre et en pierre succédera peu à peu à la mosaïque de galets à partir du IIIe siècle avant J.-C., sous l’ère hellénistique (IIIe à début Ier siècle avant J.-C.) et connaîtra un considérable succès sous l’empire romain, avec des pavements d’un grand savoir-faire et d’un haut réalisme souvent inspirés de peintures.
Les sites italiens (Pompéi, Herculanum…) ou siciliens (Palerme, Piazza Armerina…) offrent des emblematas (motifs centraux) remarquables,illustrant la nature, les animaux (avec de nombreuses scènes de chasse) mais aussi la vie quotidienne ou encore la mythologie.
Chacun d’eux peut être scandé d’entrelacs, de guirlandes de lauriers, de tresses, de vrilles ou de volutes.
Cet art sera en pleine expansion et essaimera dans tout le bassin méditerranéen jusqu’au déclin de l’empire romain.
Le VIe siècle après J.-C. marque la fin progressive de la mosaïque romaine à laquelle succédera une mosaïque plus précieuse mais fragile, nommée mosaïque byzantine, de pâte de verre et d’or, vouée aux représentations religieuses pariétales dans les lieux de culte.
Mais notre propos s’arrêtera sur la période gréco-romaine…
Extrait revue n°3 Babzman
Béatrice Pradillon-Marques, mosaïste, méthode antique https://eclatsdeverreetdemarbre.com
Bulletin de l’Association algérienne pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine archéologique. Facebook : Aasppa Athar ; mail : association_athar@yahoo.fr
Illustration à la une : Mosaïque de La Chasse au lion, salle de banquet, maison de Dionysos à Pella, Macédoine (dernier quart du IVe s. av.J.-C.).