Extrait revue (04) Babzman : La fouta – un bout de tissu, un pan d’histoire –

A l’origine, il y avait le pagne. Cette pièce d’étoffe ancestrale servant à couvrir le corps des femmes et des hommes, de la taille aux cuisses et, parfois, jusqu’aux pieds. Antérieure à la fouta, le pagne précède de plusieurs siècles l’arrivée des Phéniciens en Méditerranée. D’ailleurs, on peut voir sur les peintures du Tassili – entre autres – que les Hommes du néolithique portent des pagnes, parfois longs ou courts, réalisés en pelleterie. Le pagne trouve donc son origine et son utilisation la plus fréquente en Afrique subsaharienne. Il présente plusieurs fonctions qui se trouvent être toutes liées à la protection.

On retrouve ce morceau de tissu dans différentes régions du monde. Il revêt plusieurs formes et existe sous diverses appellations. Par exemple, en Polynésie, l’équivalent du pagne, décrit par les voyageurs européens du XIXe siècle, se nomme tapa et est constitué de fibres végétales. Outre sa fonction vestimentaire, il permettait aux chefs de tribus d’affirmer leur statut social et pouvait également servir d’objet d’échange.

Le pagne subsiste – sous ses différentes formes – dans plusieurs sociétés dites traditionnelles. Si sa confection d’origine dépend de son environnement géographique et culturel, son évolution, elle, correspond aux inspirations nouvelles et à l’ouverture des sociétés à l’échange et au partage.

Du pagne à la fouta

Nous avons constaté que le pagne était familier des sociétés berbères ; ce qui nous intéresse désormais, c’est de savoir comment les populations d’Afrique du Nord sont passées du pagne à la fouta.

La réponse se trouve chez les Indiens qui se couvrent de différentes manières, par exemple de la ceinture aux genoux ou du torse aux chevilles. C’est d’ailleurs de l’Inde que serait originaire la fouta dont le mot est dérivé du vocable indien futa, et qui désigne une «longue pièce d’étoffe semblable au sari qui servait à divers usages : pagne, tablier et différentes coiffures».

A ce sujet, Ibn Batouta, explorateur musulman du XIVe siècle, dira en parlant des Indous : «Leurs vêtements consistent en une fouta de filoselle que l’on attache à sa ceinture au lieu de caleçon car ils ne connaissent pas le pantalon.»

Néanmoins, les voyageurs arabes restent curieux et observent tout en décrivant ces pagnes indiens, qui vont peu à peu inspirer et contribuer à modifier le pagne berbère. L’usage de tissus rayés venus d’Orient, et appelés fouta, est donc à l’origine de cette dénomination chez nous ; elle s’est définitivement installée dès les premiers siècles du millénaire dernier… Retrouvez la suite sur la revue (04) de Babzman

Mira B.G

 

  • Image : »Femmes tunisiennes » paintre par A. Roubtzoff

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